Vous êtes timide ? Bienvenue au club !

La timidité est une terrible maladie qui peut empoisonner toute votre vie. Je n’ai pas osé montrer mes dessins avant l’âge de quarante ans… pourtant ils n’étaient vraiment pas mauvais mais je m’étais mis sur les épaules un poids beaucoup trop lourd. Je voulais dessiner aussi bien que les plus grands artistes du passé. Ingres était ma référence ultime en matière de dessin.

Lorsque j’étais élève à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts (UP4 section architecture) j’avais l’inestimable chance de pouvoir accéder gratuitement aux collections permanentes du Musée du Louvre sur simple présentation de ma carte d’étudiant. Qui plus est, il n’y avait que la Seine à traverser pour se trouver dix minutes plus tard au milieu d’œuvres magnifiques. Dès qu’une occasion de m’évader de la salle Foch – le nom de la salle où se trouvait mon atelier – se présentait, je la saisissais !

Le résultat fut contraire à mes espérances. En allant visiter le travail de ces illustres artistes, je pensais progresser en Dessin. Ce qui fut le cas avec du travail, car si je m’étais contenté de regarder sans pratiquer alors je n’aurais fais aucun progrès. C’est la pratique régulière d’une discipline artistique qui fait progresser pas sa contemplation béate… Donc je progressais vers mon but en dessinant régulièrement.

Alors pourquoi dis-je que – pour moi – cette fréquentation et admiration pour les grands Maîtres me fut  plutôt négative ? Simplement parce que j’avais mis la barre trop haute. Une progression – comme son nom l’indique – se fait progressivement. Si vous voulez apprendre à nager vous n’aller pas, pour la première fois, nager un kilomètre, ce serait la noyade assurée. En dessin c’est pareil. Fixez-vous des défis que vous savez pouvoir atteindre. Pas trop facile car “en visant la médiocrité” on devient… médiocre. Il faut donc un challenge stimulant mais que l’on sait possible à atteindre en son for intérieur. Certes je pouvais copier – sans avoir à rougir – le français Philippe de Champaigne, le flamand Franz Hals voire même le grand Léonard… mais ce n’était que des copies de dessins réalisés par d’autres. J’étais incapable de créer mes propres dessins et plus je copiais les anciens, et plus j’acquérais une bonne technique et moins je me sentais capable de voler de mes propres ailes. Bien au contraire, littéralement, je m’étais coupé les ailes, et j’avais honte de moi, honte de ne pas être Ingres ou Rembrandt. Ce n’était pas par gloriole personnelle ou par vanité mais parce qu’ils représentaient le Panthéon de l’Art. Ce que je devais SELON MOI absolument atteindre pour être enfin considéré comme un artiste et me sentir enfin aimé d’une femme. Le timide que j’étais alors pensais que si je devenais un artiste reconnu pour son talent les femmes finiraient par me remarquer et m’aimer.

shyness photo

Ridicule ? Surement mais je souffrais d’une terrible infirmité qui m’empêchait de voir clair en moi. Je plaçais toutes mes frustrations sur le compte de ma seule timidité. Ce n’est donc, que vers la quarantaine, que je m’en suis progressivement débarrassé (pas totalement, j’ai encore peur au téléphone c’est pourquoi je préfère écrire). Quel rapport y a t’il entre ce “déballage de vie privée” et le dessin ? J’y viens ! Vous vous souvenez que je laisse entendre dans le titre de cet article que le dessin est un outil efficace pour lutter contre la timidité. Comment ? C’est simple : Lorsque l’on est timide on a tendance à se faire le plus petit possible pour passer inaperçu en société. Cette attitude affecte aussi notre écriture et notre signature minuscule. On écrit petit, on signe petit, on se fait tout petit pour ne pas exister aux yeux du monde. Résultat on se sens petit et on finit par le devenir.

Mon conseil ? Ecrire GROS, signer GRAND, dessiner encore P L U S  G R A N D !!! Les introvertis, les timides doivent forcer le trait et dessiner plus grand pour sortir de leur bulle. Ce n’est pas une bulle de confort mais un carcan, une prison construite autour de soi, année après année, mois après mois, jour après jour. Croyez-moi, je sais de quoi je parle ! Alors, timide, mon frère (ma sœur) brise cette prison avec la pointe de ton crayon !!!

A contrario, les extravertis – ceux qui sont en représentation constante, sans parvenir à se focaliser longtemps sur un sujet – doivent apprendre à se recentrer sur eux même pour se discipliner. La méditation est une bonne technique. Le dessin en est une autre. Dessiner PETIT, se concentrer sur les détails pour aller à l’essentiel est une méthode efficace. L’important n’est pas dans le paraître mais dans l’être. Etre vrai, dessiner vrai, se concentrer sur son dessin pour dessiner juste et précis. C’est une excellente façon de se recentrer sur soi-même et d’éviter la dispersion.

Un petit dessin vaut mieux qu’un long discours. Voilà comment soigner sa timidité par le dessin… Dessinez, puis exposez: Osez montrer vos dessins, ils parleront pour vous ! Vous ne savez pas comment entamer la conversation ? Pas grave, il suffit d’attendre que quelqu’un vous pose la première question. Vous savez… “Qu’elle technique avez vous employé ? Vous dessinez depuis longtemps ? Où avez-vous appris à dessiner comme cela ? etc… Je vous assure cela marche, les gens viendront vers vous pour vous parler… à condition de ne pas faire une mine renfrognée et d’arborer votre plus vilaine grimace. Fréquentez les associations de votre quartier, il y aura bien un groupe dessin, peinture. Plus tard lorsque vous aurez vaincu cette fichue timidité et que votre style se sera affirmé vous pourrez encore franchir une étape en enseignant votre art pour le partager autour de vous avec le plus grand nombre. Alors pas belle la vie ?

Toutefois le dessin est un art et doit le rester… Il ne s’agit pas d’en faire une “thérapie bon marché” ! Mais si, en se faisant plaisir et en faisant plaisir autour de soi avec ses dessins, on peut joindre l’utile à l’agréable, alors pourquoi s’en priver ? Timides tous à vos crayons !!!


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5 thoughts on “Comment soigner sa timidité par le dessin ?

  1. Salut, je suis moi même timide depuis l’enfance et l’art m’a permit de me défaire en partie de cette timidité. Apprendre aux autres sa pratique dans des petits ateliers de création est aussi un bon moyen de s’ouvrir et de vaincre sa timidité .

    1. Bonjour et Merci de ton précieux commentaire qui conforte mon sentiment personnel basé sur l’expérience.

      Ce que je conseillais à mes élèves (et conseille encore) c’est pour les timides d’investir l’espace environnant et de se l’approprier. Qu’est-ce à dire ? Nous timides avons tendance à nous faire tout petit en société, voire transparent afin de passer inaperçu… Il faut donc modifier cela dans notre gestuelle et notre habillement. Au lieu de couleurs neutres prendre des couleurs vives pour s’habiller, elles vont peu a peu changer le regard de l’autre et notre propre regard dans le miroir sur nous même.

      Puisque je parle d’amplifier son geste cela doit se traduire dans le dessin de 2 façons concrètes:
      – 1°) Un timide très souvent signe petit. Observe ta signature et exerce toi à signer plus grand… Ta signature est ton reflet, ton image, le prolongement de toi même. Donne à ta signature plus d’importance et ta signature va te le rendre en une meilleure image de TOI !
      – 2°) DESSINE GRAND… Un timide souvent est méticuleux et appliqué dans ses dessins. Il se perd dans les détails pour fuir la réalité. En dessinant plus grand cela augmente “ta bulle”, ton espace vital… Et cela t’oblige à aller à l’essentiel en évitant de te perdre (te cacher) dans les détails… Conséquence tu vas aussi dessiner plus rapidement et entraîner ton œil à voir différemment… et cet œil différent sur le monde sera aussi un regard différent posé sur TOI… TU ES LA PERSONNE LA PLUS IMPORTANTE AU MONDE POUR TOI-MÊME… SOIS BIENVEILLANT AVEC TOI !!!

      Encore MERCI de ton témoignage car il est IMPORTANT.

      Bien Amicalement
      Jean-Claude

  2. Bonjour Jean-Claude. Bravo et merci pour cet article vivant et inspirant! J’ai beaucoup aimé l’entrée en matière sur l’apprentissage et l’importance d’objectifs ni trop, ni trop peu. J’adore la façon dont tu as traité le sujet et je constate après lecture de plusieurs de tes articles que tu as un talent certain pour l’écriture que tu sais aussi manier avec intelligence! 🙂

    1. Merci Carmen,

      Lorsque le blog sera un peu plus assuré sur ses fondations et que j’aurais fais quelques progrès que j’espère rapides en aquarelle pour renforcer mon expertise je reviendrais vers l’écriture d’un bouquin commencé puis abandonné… Bref la création est un jeu où les canaux d’expressions sont multiples… Un seul dénominateur commun: Se faire plaisir pour faire plaisir aux autres!

      Bisous

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