Cet article participe au carnaval d’articles créé à l’initiative de Pascalle Fraisse du blog www.azendream.fr. Je t’invite à le lire mais également à découvrir les différentes participations sur le sujet de la procrastination écrits par les collègues blogueurs, pour cela le mieux est de découvrir le blog de Pascalle

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Pourquoi toujours remettre au lendemain ce qu’il est possible de faire le jour même ? Voilà une excellente question à laquelle je pense (parfois) et que j’oublie (souvent). « J’y pense et puis j’oublie » est une des raisons fondamentales chez moi de procrastiner. Au lieu de me structurer et de m’organiser dans une gestion raisonnée de mon emploi du temps, je laisse mon esprit vagabonder et en faire à sa guise… Résultat cet esprit « rétif à tout ce qui est ordonné » fait ce qui lui plait, emprunte « les chemins de traverse » plutôt que les « autoroutes de l’efficacité ». C’est aussi chez moi un peu l’esprit de contradiction qui consiste à dire pourquoi faire simple lorsque l’on peut faire compliqué ? D’autres personnes assurent que cela fait partie aussi du « coté obscur » de la créativité…

Puisque tu as déjà parcouru ces quelques lignes tu peux comprendre les circonvolutions de mon esprit… Certains pour traiter d’un sujet quelconque feront comme on leur a enseigné à l’école: Ecrire un plan, avec des chapitres et des sous-chapitres et puis faire une thèse, une antithèse pour le développement et enfin finir par la conclusion. C’est propre, sans ratures, mais le revers de la médaille c’est que c’est un bel ouvrage sans surprise… Chez moi lorsque je commence un écrit je n’ai aucune idée d’où je vais ni comment cela va se terminer : C’est une surprise même pour moi… Alors pour toi qui me lis, imagine !

Quel rapport avec la procrastination ? J’y viens. Un esprit structuré, organisé, va résoudre chaque problème au fur et à mesure de leur apparition et il aura raison car c’est la seule bonne façon de faire mais ce n’est pas la mienne… Donc lorsqu’une tache se présente je retarde jusqu’au dernier moment, l’instant fatidique, où je dois me contraindre à faire la chose. Pourquoi ? C’est tout simple parce qu’alors il n’y a plus d’échappatoire possible ! Si tu es au bord du précipice tu feras en sorte d’agir pour ne pas tomber dedans… ou alors c’est que tu veux mourir. Certes l’exemple du précipice est un choix extrême mais cette image forte sert à marquer ton esprit.

J’ai toujours pensé qu’une architecture sans contraintes externes est généralement banale et sans grand intérêt. Au contraire l’adaptation à un terrain accidenté ou compliqué va rendre la tâche difficile à l’architecte mais si celui-ci est bon sa réponse architecturale sera à la mesure de la difficulté à résoudre ! N’oublie pas que je suis architecte de formation et donc que ma pratique professionnelle est le « prisme déformant » au travers duquel je vois le Monde. Je suis ainsi « construit » qu’il me faut une ou des contraintes fortes pour m’obliger à agir sinon je me « défile ».

Procrastiner n’a rien à voir avec l’intelligence ni la fainéantise, c’est presque un mode de vie pour les uns ou une « maladie » pour les autres. Je t’ai expliqué ce qu’il en est pour moi mais il peut y avoir bien d’autres raisons.

  • La confiance est une des causes possibles de procrastiner soit en excès soit en manque. Je souffre d’un constant déficit de confiance en moi… et une récente rupture sentimentale n’a rien arrangée de ce côté-là… Je suis bordélique mais je suis aussi perfectionniste car c’est l’antidote à mon côté « bohème et pagailleux ». Lorsque je veux trop bien faire, et que tout soit parfait, j’ai une fâcheuse tendance à remettre à plus tard car soit je n’ai pas les « bons outils », ce qui est faux car j’ai toujours plein de matériel pour dessiner ou peindre dont je ne me sers que d’une petite partie. Soit encore je pense ne pas avoir le temps de le faire pour que cela soit bien fait, ce qui est encore faux puisque j’attends souvent la « dernière minute » pour faire mon travail c’est donc que je disposais de largement plus de temps que nécessaire…
  • Une façon de lutter contre la procrastination, résultant du manque de confiance en soi, est de se féliciter et de se récompenser soi-même. Le manque de confiance provient d’un déficit d’une image valorisante de soi. Si je m’encourage en me parlant à moi-même tout en me félicitant sincèrement pour chaque progrès accompli, alors peu à peu ma confiance en moi va se trouver renforcée.
  • A l’inverse un excès de confiance en soi (ce n’est pas mon cas) peut de la même façon conduire à la procrastination. Dans ce cas-là on se surestime et à l’inverse on sous-estime la complexité de l’action à mener pour réussir son travail jusqu’à son parfait achèvement.

La solution consiste à faire un travail sur soi avec l’aide d’un professionnel si on ne se sent pas la force de le faire seul. Le regard « externe » d’une personne avisée et qualifiée peut grandement aider à se remettre au « diapason avec son moi réel ». Avoir une juste vision de ses propres qualités et de ses faiblesses est donc un atout indispensable pour réussir à lutter contre la procrastination. Cela est valable quelle que soit la profession exercée mais encore plus particulièrement pour tous les « créatifs » comme les architectes, les dessinateurs, les illustrateurs, les peintres, les sculpteurs, les musiciens, les poètes, les écrivains, les sculpteurs, les acteurs, les comédiens, les danseurs, etc…

  • Il peut également s’agir d’un manque de concentration… je travaille souvent avec la TV allumée pour me tenir compagnie, et qui plus est comme je suis constamment à utiliser mon PC, grandes sont les tentations de « switcher » mon attention sur les chaines d’informations permanentes ou l’internet. Cette mauvaise habitude remonte du temps où j’étais encore étudiant en Archi, je traçais alors mes plans et mes esquisses en écoutant France info non-stop, c’est ainsi que j’ai été alerté et que j’ai suivi en direct sur CNN l’effondrement des « twin-towers » ce triste jour du 11 septembre 2001. Lorsque les tours se sont effondrées sur elles-mêmes j’étais horrifié – comme tout le monde – mais malheureusement du fait de mes études je savais ce qui allait arriver…

La solution consiste donc à éloigner de soi tout risque de distraction: éteindre la TV, déconnecter son PC du net en coupant la Wifi ou en débranchant le câble Ethernet, ne pas avoir de casque sur les oreilles, couper la sonnerie de son téléphone, etc…

  • La procrastination peut aussi être liée à la fatigue ou au stress. Il existe alors bien des remèdes pour lutter contre cet état. Bien dormir est essentiel… Comme disait le grand Devos avec son esprit affûté et le talent qu’on lui connait : « Se coucher tard, nuit»… Là encore il faut apprendre à se déconnecter des soucis du quotidien. La pratique de la respiration profonde et la méditation sont des aides efficaces qui ne coutent rien ! Elles furent miennes plus jeune, j’avoue les avoir un peu délaissé aujourd’hui mais elles ne sont pas loin de moi en cas de besoin…

Pour le stress de la page blanche ou de la toile vierge je t’invite à relire mon article à l’adresse suivante : https://apprenez-a-dessiner.com/le-stress-de-la-page-blanche/

  • La procrastination peut également résulter d’une mauvaise appréciation du temps nécessaire à accomplir un travail donné. Comment y remédier ? En décomposant en multiples actions simples une tâche complexe. Ainsi pour dessiner un sujet que l’on a en tête il faut avoir autour de soi les bons outils (crayons, pinceaux, papier ou toile, les bonnes couleurs, la palette) et l’iconographie indispensable pour tout sujet réaliste c’est-à-dire toute ce que l’on ne peint pas d’imagination. Et dans ce cas-là il va falloir encore du temps pour trouver la ou les bonnes photos… C’est souvent le temps préparatoire qui est mal apprécié. Peu ou prou un artiste sait combien de temps il lui faut pour dessiner ou peindre mais il se trompe assez régulièrement sur le temps qu’il lui faut pour trouver les bons documents dont il va s’inspirer pour créer son œuvre. Cette recherche étant elle-même fonction de sa motivation à peindre… Plus la motivation est grande et plus vite il trouvera l’image et inversement moins il sera motivé et plus il prendra de temps (excuse) pour chercher sa « source d’inspiration »… Quand on veut faire quelque chose on trouve des solutions, quand on ne veut rien faire on trouve des excuses !
  • Une mauvaise organisation (gestion du temps et gestion de l’espace) peut entraîner des sources de distraction par manque d’efficacité… Il est facile d’y remédier en se faisant un peu violence pour se structurer et organiser son plan de travail. Un atelier bien rangé permet de savoir où se trouve chaque chose et ne pas perdre son temps à les chercher. J’ai beaucoup de matériel et beaucoup de livres ou de photos mais comme rien n’est rangé chez moi je perds un temps infini à trouver ce que je veux. Un bon dessin commence avant que d’avoir tracé le premier trait…
  • Souviens-toi que « trop d’analyse paralyse» tandis que « la perfection est l’ennemi de l’action »… Tout cela pour te dire qu’il vaut mieux un travail imparfait mais achevé qu’un travail parfait inachevé. Depuis la création de mon blog je remets constamment à plus tard la création de vidéos car je me trouve « moche », car j’ai peur « de me planter » (fallacieux prétexte puisque ce n’est pas en direct)… en fait j’ai peur des jugements négatifs… ou de ne « pas plaire » alors que je sais pertinemment qu’il est rigoureusement impossible de plaire à tout le monde. Il est préférable de déplaire à quelques-uns qui sont les éternels insatisfaits, et les éternels critiqueurs car je peux aussi en intéresser beaucoup d’autres. Alors la bonne question à laquelle je dois répondre est celle-ci : « Quel jugement est le plus important: Celui des personnes intéressées, bienveillantes, attentives et positives ou le jugement critique de ceux qui sont malveillants ou mal intentionnés ?… En posant cette question je pense avoir déjà ma réponse. En ne faisant rien je donne raison aux « méchants » alors qu’en agissant je donne satisfaction « aux gentils ».
  • La procrastination est-elle toujours négative? Pas nécessairement lorsqu’elle nous donne un délai supplémentaire pour la réflexion. Dois-je me précipiter pour acheter cet objet dont j’ai envie alors que mes finances ne sont pas au beau fixe ?… La réponse est non mais souvent l’envie d’un nouveau gadget (nouveau téléphone, nouvel ordinateur, un nouveau jouet high-tech comme un drone ou une patinette électrique pourrait nous pousser à l’acheter et se retrouver dans le rouge à la banque… Mais la procrastination aidée de la voix de la raison nous poussent à remettre à demain et bien souvent le lendemain l’impérieux désir de la veille a disparu…
  • Par contre, à l’inverse la procrastination peut parfois s’avérer dangereuse. Ainsi il serait stupide de toujours remettre à demain un examen médical… Je l’ai fait pendant des années, je ne consultais pas de médecin car cela me cassait les pieds (aujourd’hui encore). Et puis il y a trois ans en juillet alors que j’accrochais ma dixième œuvre pour un Salon de l’Aquarelle et du Pastel (Salon Françoise d’Aubigné) j’ai ressenti une douleur dans le thorax; J’ai bien essayé de faire comme si de rien n’était et de me relaxer mais rien ni faisait. Je ne voulais toujours déranger personne dans les préparatifs du Salon et je suis allé m’allonger sur l’herbe où ma compagne m’a rejoint pour appeler les secours. Quinze minutes plus tard j’étais dirigé vers les soins intensifs de l’hôpital de Niort où je suis resté dix jours suite à un infarctus… Ma négligence aurait-elle pu me coûter la vie ? Oui probablement sans l’intervention rapide des pompiers et sans la vigilance bienveillante de ma compagne.

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Pastel exposé au Salon Françoise d’Aubigné pendant mon infarctus

Voilà fait le tour rapide de mes expériences (voire de mon expertise) en matière de procrastination. Pour conclure, car tout a une fin, je dirais que la vie est le jeu du reflet de soi dans le miroir des illusions du Monde. Si tu imagines que tu es un lion les gens te percevront comme un lion mais si tu te crois une souris alors ils n’auront que peu de considération pour toi. Du « gros chat » ou de la souris lequel veux-tu être ? J’ai encore peur de mon reflet dans le miroir mais j’ai adopté le lion comme symbole, il ne me reste plus qu’à apprivoiser cette image pour qu’enfin elle devienne le reflet de ma nouvelle personnalité, ma nouvelle réalité. et que j’arrête de procrastiner.

Changer d’image mentale c’est changer ma vision du Monde et lutter contre la procrastination. Alors es-tu prêt à rugir avec moi ?

JisséBro

 

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6 thoughts on “Dessin et procrastination

    1. Je te remercie Pascalle pour cette opportunité que tu m’as offerte de communiquer sur un sujet qui concerne beaucoup de monde à un moment ou à un autre de sa vie… Quand ce n’est pas symptomatique d’un mal être ou d’une façon d’être qui cache des peurs non avouées (de n’être pas à la hauteur, peur du rejet, peur d’être incompris ou mal aimé…). Bisous

  1. J’aurais pu écrire ces lignes ( si j’en avais le talent ) sauf pour l’infarctus.
    Je me sens moins seul dans ma façon de faire les choses mais il faut aussi que je la change un peu.
    Merci

    1. Bonjour Nico,

      Merci de ta visite et ton commentaire. Ah la procrastination c’est un roman voire une encyclopédie que je pourrais écrire à ce sujet ;)… C’est un mal nécessaire parfois car il permet aussi de prendre du recul par rapport à l’action à entreprendre… Bon comme toutes les “bonnes choses” il ne faut pas trop en abuser non plus. Bonne continuation.

  2. Merci pour ces lignes tellement belles, tellement vrais. Je me reconnais, tes mots, tes phrases font échos en moi. Oui moi aussi j’essaie d’éloigner la procrastination, en essayant d’étouffer mon manque de confiance. Tu m’as beaucoup aidé à avec ce texte, je prends l’engagement que 2018 sera ,pour moi, une année de créations et que ma procrastination sera reléguée au minimum vital : rêves, réflexions et inventions. Merci encore, et à bientôt sur d’autres pensées.

    1. Bonjour Joëlle,

      Le manque de confiance est une constante a beaucoup d’hypersensibles, beaucoup de créatifs et donc beaucoup d’artistes. Cela touche les amateurs comme les pros et personne n’y échappe.

      Cette année est passée tellement rapidement que je suis loin d’avoir fait tout ce que je voulais faire. Heureusement 2018 va donner à tout le monde l’occasion de se rattraper 😉

      Il me faut encore du temps pour retrouver lentement la confiance en moi que j’avais perdue suite à une rupture sentimentale qui est toujours un épisode difficile à vivre. Le dessin, le pastel ou l’aquarelle sont des amis formidables pour tenir le coup dans ces moments là, même si je les ai boudé un peu, je sais qu’ils seront là dès que l’envie me reprendra.

      Merci à toi de ta visite. A bientôt.
      Jissé

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