Oyster bar – Andrew Sterrett Conklin – 1998 HST – 100 x 125

Traduction française d’un article de l’Artiste Américain Andrew Conklin publié à l’été 2011 dans la revue “AMERICAN ARTIST DRAWING” – The Portrait Issue (pages 78 à 85).

Tous les dessins ne sont pas réalisés de la même façon ou pour les mêmes raisons. Dans cet article, l’artiste et enseignant Andrew Conklin décrit 5 types de dessins et de quelles façons sa méthode et ses outils s’adaptent pour obtenir les résultats attendus.

Les instants qui furent les plus motivants en tant qu’étudiant en école d’Art furent ceux que je passais à dessiner des chevaux. Constamment j’ai dû faire face aux difficultés d’interprétation du vivant sur le papier. Ce que je voyais et savais du mouvement, de l’anatomie, et des composantes esthétiques d’un “beau dessin” dépassaient largement mes compétences. Mais je décidais de persévérer et fus récompensé de mes efforts. La figure humaine vaut bien toutes ces années passées à en maîtriser le trait.

La majeure partie de mon apprentissage résultait dans l’étude des Maîtres du Passé. Quand je ne dessinais pas je lisais et étudiais la vie de mes héros et leurs dessins, des artistes comme Pontormo (peintre florentin du XVIème siècle), Ingres, Degas, Klimt et Kollwitz (graveuse, sculptrice et dessinatrice allemande de la 1ère moitié du vingtième siècle), tous ceux-ci maitrisant leur art dès leur adolescence. Je passais également beaucoup de temps dans l’étude de leurs dessins originaux. Durant le temps où je vivais à New York City je visitais régulièrement la Collection Frick, la Bibliothèque et le Musée Morgan, et le Met (Musée Metropolitain) dont les collections de dessins sont sans équivalents. Tandis que je faisais des copies de ces dessins, je réalisais que nombreux étaient les dessins de Maîtres dont les hachures étaient si délicates qu’elles n’apparaissaient pas sur les reproductions de mes livres d’Art.

Pendant mes études, je trouvais fascinants tous ces portraits réalisés par ces grands artistes. Tout était dessiné – depuis l’esquisse rapide jusqu’au chef d’oeuvre artistique avec une précision quasi photographique, et je commençais à considérer le dessin comme un moyen d’expression artistique avec des finalités différentes. Je réalisais qu’il n’y avait pas une seule façon de dessiner mais une multitude de façons de faire avec des buts différents. En tant que dessinateur et artiste je pouvais – si nécessaire – changer de mode opératif et m’adapter pour répondre à mes besoins.

Maintenant des années après mes études des Maîtres, je classe mes dessins en cinq catégories. D’autres artistes pourront classer leurs travaux différemment, mais quelque soit le classement que vous adoptez ce qui importe c’est de savoir pourquoi vous dessinez au moment où vous le faite. Ce qui suit est une courte description de mes cinq façons de dessiner, ce qu’ils sont et comment et pourquoi mon matériel est différent à chaque fois et comment chaque pièce s’articule dans une vision globale de l’Art.

1 – Dessiner pour fixer mes idées. Une idée de peinture peut surgir dans mon esprit à n’importe quel moment et souvent ces idées sont stimulées par la vision d’une autre image, une peinture originale ou une reproduction, voire une photographie. Pour qu’une image provoque cette petite étincelle il faut qu’elle soit en relation avec une idée présente dans mon esprit. Quand cela se produit je dois rapidement griffonner sur un bout de papier un rapide croquis au crayon ou au stylo.

Ces croquis rapide sont la première étape du processus de création d’un tableau et sont souvent accompagnés de notes manuscrites concernant les dimensions de l’oeuvre, les proportions. Ces idées se conceptualisent dans un stricte cadre rectangulaire sous des formes très libres. Avec ces croquis rapides je me focalise sur des éléments formels tels que l’échelle, l’équilibre des valeurs, la position, le mouvement, le rythme, le contraste et la gestuelle des personnages.

2 – Dessiner pour chercher. Dans cette catégorie, se trouvent aussi des dessins rapides mais avec une intention et un but différent du classement précédent. Ces croquis rapides sont fait dans des petit carnets que j’emporte partout avec moi et me servent de journal quotidien. J’utilise cette façon de faire lorsque je suis hors de mon atelier pour fixer un phénomène observé tel qu’un banlieusard assis dans un train, des effets de matière ou de lumière, ou une forme curieuse qui attire mon attention. J’y mets aussi des dessins fait d’après mémoire, pour fixer la vision fugace d’une scène dont je veux me rappeler plus tard. Comme pour les dessins du premier groupe, je ne montre à personne ce travail mais ils sont une mine dans laquelle je puise la matière première d’œuvres futures.

3 – Dessiner en tant que discipline Académique. Lorsque j’ai l’intention de produire une œuvre pour l’exposer je travaille d’après modèle vivant d’une façon encore différente des précédentes. La qualité de ces dessins plus techniques dépend d’une pratique régulière, ils me servent d’entrainement pour garder la main. Je commence par un trait léger, avec un crayon à la mine bien affûtée, pour la mise ne place du dessin dans ma feuille. Puis je trace le contour afin de fixer les bonnes proportions, les lignes de force, l’anatomie, et l’expression du modèle. Finalement je réalise le modelé en me focalisant sur les caractéristiques essentielles de la pose. Je me concentre pour faire que mes ombres restent simples pour équilibrer les formes par les ombres et les lumières.

4 – Dessins de construction. Ce sont des dessins à l’échelle du tableau réalisé sur carton afin d’être transférer sur ma toile. Ce sont des dessins de silhouettes souvent réalisés d’après d’autres dessins pour tester différentes poses. Ils sont l’étape préalable à la réalisation d’un tableau. lorsque j’ai utilisé un dessin comme modèle il termine sa vie à la poubelle. Lorsque j’ai calqué mon dessin et que je l’ai repositionné sur ma toile j’assemble les feuilles ensemble en testant plusieurs positions jusqu’à l’obtention d’un résultat qui me satisfasse. Lorsque la composition est arrêtée, je dé-scotche le calque de la toile, retrace mon dessin au verso avant de le repositionner en repassant sur mes traits avec la pointe de mon crayon pour transférer ma composition sur la toile.

5 – Dessin d’expression. Ce classement inclut mes dessins préparatoires, mes études et mes cartons en vue de réaliser un tableau. Ceci englobe aussi mes dessins au pinceau. Comme je travaille d’après modèle, je m’appuie sur le transfert de mes contours pour obtenir l’ossature sur laquelle construire mes personnages. De cette façon le dessin plat de la silhouette prend forme et texture par la peinture. Cependant tout au long du processus de la réalisation d’un tableau. Je conserve certaines caractéristiques du dessin initial en accentuant quelques contours pour créer une tension dramatique avec des contours réalistes pour répondre à l’attente du spectateur face à une peinture figurative traditionnelle.

J’ai choisi de mettre sur la place publique ma façon de procéder afin de montrer toute l’importance du dessin dans le processus de création de mes peintures. En outre, je trouve que l’économie de moyens qui permet au dessin d’isoler un objet de son environnement par une simple ligne est particulièrement adaptée pour traduire toute la beauté de la vie humaine.

Traduction JC BRAULT


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