Rehaut: Nom masculin de rehausser, touche claire ou brillante destinée, dans une peinture ou un dessin, à faire ressortir certaines parties. (Déf. Larousse)

Terme de peinture. Retouche servant à faire ressortir des figures, des ornements, des moulures. Des rehauts blancs sur un fond bleu. Rehauts d’un tableau, les teintes les plus claires et les plus vives. (Déf. Littré)

        Watteau de Lille, artiste peintre du 18ème siècle (neveu du grand Watteau).

Dans ce sublime portrait d’un jeune enfant par l’artiste Watteau de Lille (le neveu du grand Watteau), l’usage du blanc vient avec sensibilité et intelligence éclairé le dessin. Sur un papier coloré – comme le “Canson mi-teinte” – il nous manque le blanc du papier, il faut donc le réinventer, le recréer pour apporter la lumière mais pas seulement…

Le blanc sert à révéler, à souligner des éléments du dessin. Plusieurs fois déjà j’ai évoqué l’importance du point focal dans le dessin. Dans l’exemple ci-dessus de portrait d’enfant le blanc sert a guider le regard de l’observateur, voyons comment:

  • Placé au niveau des épaules, le blanc isole le personnage du fond en guidant vers la tête du personnage.
  • Le blanc sur le foulard noué autour du cou projette la tête en avant. Pour donner et accentuer cet effet de relief en 3D, le blanc est déposé sur les parties saillantes du visage à savoir: 
    • Le nez. La lumière s’accroche naturellement sur le nez qui fait saillie sur le visage, “ce roc, ce cap, cette péninsule” comme le récite Cyrano de Bergerac dans la célèbre tirade des nez.
    • Les joues. La lumière caresse la joue pour la marquer soit en creux sur un visage émacié soit en relief sur un visage replet.
    • Le tour de la bouche 
    • Arcades sourcilières qui creuse ainsi le regard par la valeur sombre des pupilles
    • Les cheveux: Posées ça et là quelques touches de blanc sont autant de reflets de lumière accrochée sur la chevelure qui encadre ce visage juvénile.

Les réhauts dans le dessin ont ainsi plusieurs fonctions:

  • La lumière: Je viens d’en parler
  • La couleur blanche d’une écharpe, d’un vêtement, comme le foulard autour du cou de cet enfant ou le blanc de l’œil de mon “vieux pope”.
  • La matière: Le coton, mais aussi le marbre ou le plâtre d’une sculpture, la craie d’une falaise, la neige sur les branches d’un sapin ou la porcelaine blanche dans une nature morte.

Les réhauts de blanc doivent être utilisés judicieusement et avec parcimonie. Ce ne sont que quelques touches que tu peux réaliser à l’aide:

  • D’un tube de gouache blanche. Technique de plus en plus souvent employée par certains très grands de l’aquarelle pour rajouter une lumière sur les épaules ou la tête d’un personnage.
  • D’un bâton de pastel blanc. Je me souviens d’une aquarelle de Dolores BOLANOS (une marine) sur laquelle un simple trait de craie blanche (pastel) venait souligner le mât rectiligne d’un bateau.
« ATTENTION: TROP DE LUMIÈRE TUE LA LUMIÈRE !…»

Juste un dernier point. Sur l’échelle des valeurs, le blanc s’oppose au noir pour trouver un équilibre dans un dessin. Donc à chaque fois que tu utilises du blanc dans un dessin, un pastel ou une aquarelle, trouve une valeur noire, ou proche du noir, pour contrebalancer l’intensité du blanc. Une échelle est l’image parfaite pour comprendre les valeurs: Plus on monte haut sur cette échelle et plus il faut redescendre bas ensuite. Ainsi à un gris clair on devrait opposer un gris foncé, un gris moyen lui s’équilibre par lui même tandis qu’au blanc correspond le noir. Plus l’échelle est étendue et plus riche sera le dessin, alors qu’une échelle restreinte donnera un dessin peu contrasté et plat.

La prochaine fois dans ton aquarelle ou ton pastel n’hésite pas à placer un éclat de lumière dans l’œil de ton portrait ou sur le bord de la coupe de fruits de ta “nature morte”. Dans ta création, il sera comme l’éclat de rire vif et joyeux du petit enfant qui déballe ses cadeaux de Noël au pied du sapin ou comme la légère petite brise chargée d’embruns, un matin de printemps, sur la cote Normande. Fais que chaque coup de pinceau ou chacun de tes coups de crayon rehausse ton dessin pour lui donner plus d’éclat !


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4 thoughts on “Les réhauts dans le dessin

  1. Bonjour,
    Dans le même ordre d’idée je cherche à comprendre comment fonctionnent les rehauts de gris sur papier blanc et comment les mettre en place pour pouvoir orienter l’œil du spectateur sur un point précis du sujet dessiné.
    Merci de votre retour

    cordialement

    1. Bonjour Thierry,

      Merci pour votre visite et votre question. Dans le cas de gris sur papier blanc je préfère parler de “valeurs” de gris (plutôt que de “réhauts”) et dans ce cas il n’y a pas de règle établie. Cela dépendra un peu de chaque dessin et du point focale sur lequel le dessinateur veut attirer l’attention du spectateur. Un gris foncé attirera d’avantage l’oeil qu’un gris clair s’il est posé sur le blanc du papier. Plus un contraste est fort – foncé sur clair (ou inversement clair sur foncé) plus il retient l’attention de celui qui regarde. Le travail du dessinateur consistera alors a poser des petites touches de gris dans son dessin pour faire suivre à l’œil un cheminement jusqu’au point choisi. Un peu à la façon du “petit Poucet” qui parsème son chemin de petits cailloux pour retrouver sa route hors de la forêt.

      Bonne soirée. Cordiales salutations
      Jissé

      1. Bonjour,

        Merci pour votre retour.
        Auriez-vous quelque chose de dessiné en retour pour mieux m’orienter.
        En vous remerciant
        Bonne journée

        1. Bonjour Thierry,

          Je vais chercher un peu mieux pour illustrer mon propos mais – dans un premier temps – je vous propose “la pie” de Claude Monet (https://apprenez-a-dessiner.com/wp-content/uploads/2019/01/Claude_Monet_-_The_Magpie_-_Google_Art_Project.jpg). Le point focale sur lequel se tourne le regard de l’observateur est bien évidemment le sujet principal du tableau à savoir “la pie” posée sur le sommet de la barrière.

          Maintenant observez comment Claude Monet dirige notre regard vers l’oiseau ? Tout d’abord la tête de la pie est peinte dans la valeur la plus sombre du tableau et pour accentuer cet effet il place la pie sur un fond clair de façon à augmenter le contraste pour que la silhouette de l’oiseau se détache bien sur le fond.

          Seconde observation, comme il n’est pas possible de placer une couleur ou une valeur qui soit isolée l’artiste pose ici et là des touches de la même couleur et de la même valeur sur l’arbre ou sur le talus enneigé mais l’effet n’est pas le même car les surfaces étant plus grandes la valeur semble moins intense et ce aussi parce que le contraste est moins fort.

          La tache de couleur de la tête de la pie semble d’autant plus intense que la tache est concentrée (petite) et se détache sur un fond très clair… alors que dans l’arbre la tache est plus grosse et le contraste plus faible (les valeurs autour étant plus sombres éclaircissent la tache de couleur).

          Enfin la ligne horizontale de la toiture (au niveau de la gouttière) et les ombres des piquets sur la neige dirigent notre regard sur la pie ! Rien n’est l’effet du hasard, tout est étudié dans ce tableau champêtre qui semble si simple à première vue.

          J’espère que cette première explication vous aidera à mieux comprendre mon propos.

          Bien amicalement
          Jissé

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