Tout a déjà été dit ou écrit sur le Maître du Clos Lucé près d’Amboise. On sait que Léonard de Vinci était gaucher, qu’il était homosexuel, ou qu’un souterrain aujourd’hui effondré aurait relié le château d’Amboise à celui du clôs Lucé pour permettre à François 1er de rendre discrètement visite à son vieil ami… Tout ceci est fort intéressant mais ne nous dit rien du dessin et de la peinture de Léonard sur laquelle courent encore bien des « légendes » surtout après la publicité donné au « Da Vinci Code » de Dan Brown fortement inspiré de l’histoire du curé de Rennes-Le-Château mais ne nous égarons pas en cours de route… et revenons à Léonard et ses dessins.

Que peuvent bien nous apprendre la contemplation, la méditation et l’observation des dessins du Maître Italien ? Comme toujours en pareil cas… peu et beaucoup ! Peu si on regarde sans voir et beaucoup si cela nourrit une réflexion personnelle. Pour te montrer que l’enseignement de Vinci est toujours vivant je vais te partager ma réflexion à propos d’un portrait de jeune fille. Je te montre l’image et je l’explique.

D’abord observe comme moi que Léonard ne cherche pas la ligne parfaite mais la ligne juste. Cela oblige à procéder par approches successives. La perfection est une utopie de l’esprit. Dali le résume ainsi « Ne craignez pas de viser la perfection vous ne l’atteindrez jamais !». Cet avertissement a le mérite de dire les choses naturellement et sans détours. Pas de chance si tu te pensais parfait, cela n’est pas possible… puisque c’est moi !

Je plaisante… quoique… Allons un peu de sérieux Jissé quand tu parles de Léonard !. Le portrait réalisé par Vinci montre au niveau du front notamment non pas une, ni deux mais trois lignes de contour du visage… Tu lis bien il y a trois lignes, l’une se confondant avec la chevelure (ligne extérieure du visage), un autre passant au coin de l’œil droit (ligne intérieure) et enfin une ligne médiane entre ces deux lignes. On peut même distinguer une quatrième ligne qui tangente la pupille de l’œil, coupe le bout du nez et se pose sur la bouche. La ligne « médiane » est la ligne sensible, celle qui suit les courbes et bosses du visage avec le bombé de l’arcade sourcilière et de la paupière, le bombé de la pommette, et la courbe du menton…

De la même façon au niveau du menton, Léonard cherche sa ligne. On distingue ainsi sur son dessin trois lignes. C’est l’œil de l’observateur (ton œil ou le mien) qui fait le travail et sélectionne la ligne qui plait au cerveau en oubliant qu’il y a trois ligne ! Même chose sur la ligne de l’épaule…

Quelle magistrale leçon: Un débutant, toi ou moi, chercherait à faire « un beau dessin », Léonard n’en a cure (autrement dit il s’en fout…) il a dépassé ce stade et cherche l’efficacité dans son dessin d’étude car il s’agit bien d’une étude ce que le modelé avec les ombres et les lumières pourraient nous faire oublier.

Puisque je parle du modelé du visage rendu par un système de hachures qu’il densifie pour obtenir des valeurs foncées, je vais te montrer un autre petit truc qui tient à la perspective car elle n’existe pas que pour les bâtiments mais peut également exister dans le dessin d’un portrait.

Léonard a étudié pendant des années l’anatomie en disséquant des cadavres. A cette époque il s’agissait d’une prouesse tout à la fois technique car il n’y avait pas de chambre froide pour conserver le corps et le préserver de la décomposition rapide mais aussi c’était un acte courageux car il fallait oser braver les interdits de l’église Catholique toute puissante. N’oublie pas que Vinci est italien et qu’à la Renaissance l’église de Rome impose sa loi avec ses tribunaux de la “Sainte Inquisition” qui torture et condamne au bûcher ou au garrot (étranglement) qui s’oppose à l’église !

L’œil est une sphère (le globe oculaire), Léonard dessine le portrait de cette jeune femme en utilisant l’idée de la sphère pour rendre le regard sans oublier l’effet de perspective. Je te montre et t’explique.

Le Maître italien connait les règles de la perspective qui vient d’être découverte quelque temps plus tôt par l’architecte Florentin Filippo Brunelleschi. Un objet placé devant nous semble plus grand que le même objet placé plus loin de nous. Ainsi l’œil gauche du personnage est plus proche de l’observateur que l’œil droit de sorte que les sphères employées par Léonard pour dessiner les yeux répondent à cette règle. Enfin observe le blanc des yeux. Lorsque tu dessines un regard, le blanc des yeux est IMPORTANT. Sur le globe oculaire en avant (le plus grand car le plus proche) le blanc de l’œil est aussi plus grand que sur l’œil droit (cercle plus petit car plus éloigné). Toutefois comme nos yeux sont identiques (ou presque) la taille des iris restent identiques alors pourquoi Vinci à t’il dessiné plus grande la pupille de l’œil le plus éloigné ? Parce qu’il réduit ainsi la zone blanche et pour accentué cet effet il noircit le coin de l’œil. A l’inverse, en réduisant la pupille de l’œil le plus proche il agrandit la zone blanche et pour renforcer cet effet il vient surmonter le blanc de l’œil d’une tache de lumière posée sur la paupière. Du grand Art dans un dessin en apparence aussi simple !

Essayons de découvrir encore quelques « secrets » du grand Léonard. Lorsque l’on applique une grille au 1/3 sur le visage que découvre t’on ? En faisant passer une verticale par le coin intérieur de l’œil droit, cette verticale passe aussi par le coin de la lèvre inférieure (que j’appelle la “boudeuse” car c’est celle qui fait la lippe !) et par le bord du menton. L’autre verticale passe alors par le coin extérieur de l’œil gauche. Quant aux deux lignes horizontales; la ligne supérieure passe au coin extérieur de l’œil droit, coupe la pupille par la moitié et tangente le bord de la paupière gauche tandis que la ligne inférieure passe sous le nez. Il me semble clair que le hasard n’a pas sa place dans les dessins de Léonard de Vinci.

Poursuivons plus loin nos investigations. Lorsque je trace un carré qui passe le long de la joue et de l’œil droit et sous le menton et que je subdivise ce carré en quatre et que je trace les diagonales, tu peux toi-même te rendre compte que rien dans le dessin du visage n’est le simple fait du hasard bien que la recherche de la ligne juste laisserait supposer le contraire. Tout est construit avec rigueur comme un dessin d’architecte. Alors comment expliquer cela ? La seule explication qui me vienne à l’esprit est celle-ci : L’expérience et l’intuition se combinent ensemble pour approcher de la perfection. Approcher seulement car comme le dit à juste raison Salvador Dali toute notre vie nous pouvons tendre vers la perfection sans jamais l’atteindre! En fait dans l’Univers tout est géométrie et vibrations. L’Homme est enfant de l’Univers et de ce fait notre corps répond aux mêmes “divines” proportions que l’on peut découvrir par les tracés directeurs. Lorsque j’emploi le mot “divin ou divine” je ne fait pas référence à une religion particulière ni même à l’existence d’un dieu tout puissant mais je fais plutôt appel à une philosophie et une approche intuitive de l’Univers qui nous entoure: Le fameux adage des Anciens gravé au fronton du Temple de la Pythie de Delphes “connais-toi toi même et tu connaîtras l’Univers et les dieux“. Le dessin aide à se mieux connaître !

L’expérience ? Vinci la possédait quant à l’intuition je pense que ses inventions « prophétiques » comme le parachute, l’ULM ou le char de combat témoignent d’une vision extra-sensorielle plus que de son génie d’inventeur mais ceci est la compréhension de ma propre intuition. L’intuition est un formidable outil de connaissance… Co-naître c’est naître à une « réalité différente » mais ceci est un autre sujet. Voilà un rapide survol d’un portrait d’étude réalisé par ce génie universel que fut le grand Léonard de Vinci, ami et conseiller des Princes et des Rois comme il le fut de François 1er ou de Ludovic Sforza, duc de Milan.

Avec ce dernier dessin copié d’après Léonard, je résume ce que nous avons appris aujourd’hui, avec le Maître de la Renaissance Italienne, grâce à ce portrait de jeune femme :

  • NE CHERCHE PAS LA LIGNE PARFAITE MAIS LA LIGNE JUSTE !
  • NE CRAINS PAS DE FAIRE DES ERREURS car un dessin imparfait est toujours préférable plutôt que de rêver d’un dessin parfait et ne rien faire du tout par peur de l’échec.
  • TOUT ÊTRE VIVANT EST “CONSTRUIT” SELON DES PROPORTIONS que tu peux découvrir par l’observation, l’expérience et l’intuition.
  • LE VISAGE OBÉIT AUSSI AUX LOIS DE LA PERSPECTIVE.
  • LES HACHURES DYNAMISENT UN DESSIN parce que l’œil de l’observateur a tendance à suivre les obliques des hachures: C’est donc une façon subtile de guider le regard du spectateur “sans en avoir l’air“.

Si cet article te plait je t’invite à le partager autour de toi en attendant que nous nous retrouvions pour un nouveau sujet. A très vite.


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