J’aime Venise. Je n’y suis allé qu’une seule fois. Je n’étais pas seul et le souvenir de ces quelques jours passés dans la Sérénissime reste gravé dans mon cœur et ma mémoire. Venise est aimée des artistes qui la dessinent, la croquent, l’aquarellent, l’acryliquent, l’encrent et l’huilent du bout de leurs crayons et de leurs pinceaux pour le plaisir des yeux des touristes. Venise c’est une parenthèse dans le temps, une plongée dans les siècles passés avec ces illustres palais princiers qui se mirent dans l’eau séculaire du Grand Canal. “Laisse les gondoles à Venise, le printemps sur la Tamise, on est si bien“, chantaient Sheila et Ringo dans les années de ma jeunesse. C’est vrai que je me suis senti bien en la belle cité des Doges, un peu comme si je revenais chez moi quelques siècles plus tard…

Au fait sais-tu que la belle Italienne est bâti sur une immense forêt ? C’est vrai car ses fondations reposent sur des millions de pieux en bois enfoncés dans la vase de la lagune jusqu’au “bon sol”. Les pieux sont en chêne ou en mélèze et ne pourrissent pas car ils sont en un milieu anaérobié c’est à dire que les bactéries étant privées d’air ne peuvent s’y développer pour faire pourrir le bois. En fait cette cité reposant sur tous ces troncs d’arbres est semblable au “radeau de la Méduse”. C’est fou quand on y songe…

J’adore les histoires de pirates et les chasses aux trésors. Parfois on remonte du fond des mers et des océans un vieux galion coulé dans les siècles passés et si le navire est encore entier c’est parce qu’il a été préservé du pourrissement en séjournant au fond de l’eau. Bien évidemment il faut malgré tout faire subir au bois un traitement spécial pour qu’il ne se désagrège pas une fois remonté à l’air libre. En fait l’oxydation se produit en présence de l’oxygène de l’air… Cet air qui nous est indispensable pour vivre peut présenter un danger pour d’autres espèces que la notre.

L’inverse est vrai, ce qui nous tuerai permet à d’autres de vivre (par exemple dans les fonds abyssaux des océans). Ceci explique l’erreur qui est de croire qu’il ne peut y avoir de vie sur d’autres planètes parce que leurs atmosphères nous seraient hostiles… Le fait que les Terriens que nous sommes ne pourraient y vivre n’est pas synonyme d’absence de vie, mais c’est une autre histoire. Cessons une fois pour toutes de penser que nous sommes le “centre” de l’Univers et que toute vie doit forcément ressembler à ce que nous connaissons ici bas…

Mais venons en au dessin deperspective à Venise, qu’en est-il au juste ? En écrivant juste ce dernier mot, il me revient en mémoire un savoureux dialogue entre Jacques Villeret et Thierry Lhermitte dans “Le dîner de cons”…

 

Cet extrait c’est “juste” pour rire car c’est bien souvent nécessaire dans ce monde de plus en plus fou et violent… Je referme la parenthèse. A l’observation de la photo en tête de cet article il est facile de se rendre compte que de part et d’autre du Grand Canal, les lignes obliques convergent toutes vers un point situé en dehors du cadre de l’image. Les lignes des bâtiments (en face de nous) descendent vers la droite tandis que le bord du quai où nous nous trouvons (en fait d’où est prise la photographie) remonte vers ce même coté droit. Il nous faut donc prolonger ces lignes pour trouver le point de convergence qui est le “point de fuite” de ces lignes de construction du dessin.

En outre sur la façade j’ai tracé un quadrillage (lignes vertes) pour mettre en perspective le rythme des ouvertures sur le bâtiment. J’explique plus longuement ce tracé dans mon Guide “Les Bases de la Perspective” que tu peux télécharger gratuitement. Comme un petit dessin vaut mieux qu’un long discours, je te redonne le schéma de construction ci-dessous.

Les lignes verticales AA’, BB’, CC’ et DD’ découpe l’espace en segments verticaux – proportionnels entre eux – en créant un effet de perspective. Bien évidemment lorsque tu fais un croquis sur place il n’est guère pratique de réaliser ce tracé de construction sauf à le faire à main levée sans règle ni double décimètre mais très vite ton œil va s’habituer à trouver le “bon rythme” et cela se fera naturellement au bout de ton crayon. Il suffit “juste” d’un peu d’entrainement sur une feuille de ton carnet de croquis de voyage. De toutes façons le dessin est avant tout une affaire de répétition du geste pour qu’il devienne “juste” (encore lui…), il n’en faut pas plus que ça… Alors est-ce que ce petit exercice te semble difficile ? Peut-être si tu débutes. Maintenant est-il impossible à faire ? Sûrement pas ! C’est “juste” une question de motivation. C’est “juste” ?

En attendant d’avoir le plaisir de nouvelles retrouvailles, je te laisse en la compagnie du poète Alfred de Musset qui un temps abrita ses amours avec sa muse Georges Sand en l’hôtel Danielli.

Dans Venise la rouge,
Pas un bateau qui bouge,
Pas un pêcheur dans l’eau,
Pas un falot.
.
Seul, assis à la grève,
Le grand lion soulève,
Sur l’horizon serein,
Son pied d’airain.
.
Autour de lui, par groupes,
Navires et chaloupes,
Pareils à des hérons
Couchés en ronds,
.
Dorment sur l’eau qui fume,
Et croisent dans la brume,
En légers tourbillons,
Leurs pavillons.
.
La lune qui s’efface
Couvre son front qui passe
D’un nuage étoilé
Demi-voilé.
.
Ainsi, la dame abbesse
De Sainte-Croix rabaisse
Sa cape aux larges plis
Sur son surplis.
.
Et les palais antiques,
Et les graves portiques,
Et les blancs escaliers
Des chevaliers,
.
Et les ponts, et les rues,
Et les mornes statues,
Et le golfe mouvant
Qui tremble au vent,
.
Tout se tait, fors les gardes
Aux longues hallebardes,
Qui veillent aux créneaux
Des arsenaux.
.
Ah ! maintenant plus d’une
Attend, au clair de lune,
Quelque jeune muguet,
L’oreille au guet.
.
Pour le bal qu’on prépare,
Plus d’une qui se pare,
Met devant son miroir
Le masque noir.
.
Sur sa couche embaumée,
La Vanina pâmée
Presse encor son amant,
En s’endormant ;
.
Et Narcissa, la folle,
Au fond de sa gondole,
S’oublie en un festin
Jusqu’au matin.
.
Et qui, dans l’Italie,
N’a son grain de folie ?
Qui ne garde aux amours
Ses plus beaux jours ?
.
Laissons la vieille horloge,
Au palais du vieux doge,
Lui compter de ses nuits
Les longs ennuis.
.
Comptons plutôt, ma belle,
Sur ta bouche rebelle
Tant de baisers donnés…
Ou pardonnés.
.
Comptons plutôt tes charmes,
Comptons les douces larmes,
Qu’à nos yeux a coûté
La volupté !
.


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2 thoughts on “Perspective à Venise

  1. Merci Jissé , encore un sujet fort intéressant car moi et la perspective on est fachée
    Par contre petite rectification si tu permets : la chanson les gondoles à Venise est de Sheila et Ringo , tout comme toi je n’y suis allée qu’une fois et je suis d’accord pour dire que cette ville est inoubliable

    1. Merci de ton commentaire et d’avoir rectifié mon erreur… Oups c’est vrai que c’était Sheila et Ringo… ah la la voilà que ma mémoire me joue des tours 😉

      Bien amicalement
      Jissé

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