Luanna

Il existe de nombreuses façon de dessiner un portrait (mise aux carreaux, lignes directrices, etc...). La méthode qui voit ma préférence est dite “à main levée” c’est à dire sans prendre de mesures et de marques autres que celles que l’on peut prendre avec son œil directeur et son crayon. Je n’ai rien contre se servir d’une photo sur laquelle on trace des lignes et des repères que l’on mesure et reporte sur son dessin. Cette excellente méthode je l’utilise quand je veux une ressemblance à 100% mais je préfère exercer ma main et mon œil en dessinant, soit sur le vif lorsque c’est possible (condition la plus difficile à obtenir car il faut immobiliser le modèle pendant le temps de la réalisation du portrait) soit avec un vidéo projecteur. J’ai alors l’impression d’être un de ces artistes Montmartrois qui croque un portrait sur le vif. C’est encore la technique de la peinture dite “alla prima”, séance au cours de laquelle l’artiste réalise un portrait d’un seul jet. D’une certaine façon cela ressemble beaucoup à l’aquarelle en technique humide où il faut se mesurer avec le temps de séchage du papier.

Comment faut-il commencer un portrait ? Le contour du visage ? Les yeux ? Le nez ? La bouche ? Une fois encore je partage mon expérience qui n’a rien d’une vérité absolue. Je me méfie des “IL FAUT FAIRE COMME CELA”… Je préfère dire ce que je fais en laissant libre choix aux autres de faire (ou pas) ce que j’ai fais pour arriver au résultat souhaité.

Personnellement huit fois sur dix je commence par les yeux, “fenêtres de l’âme” affirme un lieu commun. Pourquoi ? Parce que si je ne suis pas accroché par le regard alors il ne me sert à rien de continuer… Le regard dit tout; l’angoisse, la peur, la joie, l’amour. Si le dessin des yeux ne me parle pas, alors je recommence une seconde fois, voire une troisième mais pas plus. Si cela ne vient toujours pas, alors ce n’est pas le bon jour ou ce n’est pas le bon sujet.

Dans l’étude rapide du portrait de Luana, les yeux sont tournés de coté fuyant le regard de celui qui l’observe. La bouche est charnue, les lèvres ourlées sont sensuelles. La hauteur de l’oreille correspond à la hauteur entre les yeux et l’attache du nez. Observez que mon trait est volontairement discontinu, tantôt léger, tantôt affirmé par une ligne plus épaisse (le long du cou ou a la base de l’oreille). Autre ligne discontinue, celle qui marque le pli de la bouche entre la lèvre supérieure et la lèvre inférieure “boudeuse”.

Laccordeonniste

Pour le portrait de l’accordéoniste, une fois n’est pas coutume, j’ai commencé par le béret. Pourquoi ? Parce qu’il projette une ombre qui lui barre le front. Tout le portrait est structuré par les ombres. Il était donc “logique” que je commence par là et que je progresse lentement par les valeurs sombres. Les plus noires sur le béret, les sourcils, la tache des yeux, les narines et la commissure des lèvres (yeux, nez, bouche) en finissant par le nœud de cravate (accessoire vestimentaire qui répond au béret). IMPORTANT: UNE VALEUR SOMBRE NE PEUT PAS RESTER ISOLÉE, ELLE DOIT CIRCULER !

Les ombres modèlent le visage en lui donnant son volume. La bouche n’est pas plate, le nez non plus. Ils prennent la lumière avec une partie dans l’ombre et l’autre en plein soleil, tout comme la joue droite du personnage et une partie du menton. Souvenez-vous que c’est un musicien des rues, d’où ce léger rictus en forme de sourire pour “accrocher les passants”. Ici justement le regard ne fuit pas mais vient vous chercher pour vous dire “ça vous plait ? une ptite pièce… merci”. Un dessin raconte toujours une histoire, et plus encore un portrait qui raconte une vie de joie, ou de misère, une vie de solitude ou de partage.

Un portrait ne doit laisser personne insensible si vous y mettez un peu de vous même. Il est le miroir dans lequel se reflète l’humanité toute entière. Voilà pourquoi j’aime les portraits, voilà aussi pourquoi ils sont si difficiles à faire. Apprendre à dessiner les portraits est une aventure, un voyage à la découverte de l’autre, et de soi même. Ne vous y risquez pas si vous refusez cette part d’introspection nécessaire à son accomplissement. Aimez-vous, aimez l’autre, et vous ferez de beaux portraits !

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