Bonjour et merci de ta visite,
Aujourd’hui je vais aborder le sujet de la composition. Le peintre partage avec le musicien certains mots d’un vocabulaire artistique. Le mot composition en fait partie. Chez le musicien, composer est assembler des notes en un certain ordre pour créer une harmonie musicale. En dessin ou en peinture l’idée est identique. Composer un dessin ou une peinture c’est assembler sur la toile ou sur le papier des éléments graphiques pour trouver la meilleure image. Pour illustrer ce concept je vais prendre un exercice ancien qui date de ma première année aux Beaux-Arts.
EXERCICE: Il consiste à grouper ou assembler sur une surface carrée, sept (7) petits “bâtonnets”. Une composition peut être libre et non formelle comme le “dripping de Jackson Pollock” où les gouttes tombent au hasard sur la toile ou bien elle peut être structurée et répondre à un ordonnancement particulier.
Dans l’illustration ci-dessus nous avons une composition très construite mais diffuse. Je t’ai déjà à maintes reprises parlé de la règle des 1/3 (règle des tiers). En imaginant que chaque élément représente un bâtiment il est facile de percevoir l’intérêt d’une elle organisation spatiale qui en même temps obture et ouvre l’espace environnant. Les flèches rouges montrent les obstacles visuels sur lequel vient buter la vision du promeneur de sorte qu’un élément d’ornement telle qu’une fontaine ou une statue placée en “A” ne serait pas forcément perçue au premier coup d’œil mais se révélerait au cours de la déambulation du piéton entre les bâtiments.
A l’inverse la flèche verte montre qu’il existe un couloir de circulation visuelle qui permet par exemple de créer une perspective (allée d’arbres, traitement piétonnier particulier, etc…). Il n’est évidemment pas dans mon intention de te donner un cours d’urbanisme ou d’architecture mais de te faire prendre conscience du cheminement de la pensée ou de la réflexion auquel répond toute composition. C’est le POURQUOI et le COMMENT d’un tableau ou d’un dessin.
A chaque fois que tu crées tu dois te poser les questions suivantes:
- Quel sentiment ou quelle émotion veux-je créer chez celui qui va voir mon dessin ou mon tableau ? Joie ? Surprise ? Exaltation ? Tristesse ? Peur ? Réflexion ? Amour ? Beauté ?
- Comment traduire ce sentiment sur la toile ?
- Où se situe mon point focale ? (IMPORTANT)
- Comment faire circuler l’œil dans mon tableau (ou au contraire bloquer l’attention sur un point particulier).
A la composition diffuse ou dispersée s’oppose une composition groupée qui peut être centrée (en étoile, en cercle, en croix). En même temps qu’elles occupent le centre de la composition les deux premières figures peuvent être dites rayonnantes. Je t’invite fortement à répéter cet exercice chez toi et d’essayer de trouver d’autres figures possibles car il en existe bien d’autres moins formelles. Après tout il serait tout à fait possible de laisser tomber au “hasard” les éléments et voit comment ils s’organisent “spontanément” c’est l’effet dripping dont je t’ai parlé plus haut.
Une des organisations possibles est la composition en diagonale. Cette composition peut alors aussi être qualifiée de linéaire mais l’inverse n’est pas forcément vrai car une composition linéaire (verticale ou horizontale) n’est pas nécessairement une diagonale.
La composition peut encore être symétrique (ou pas). Dans le second cas (dissymétrique) elle peut être équilibrée ou non… Connais-tu l’effet de levier qui permet en physique de soulever des charges plus importantes que son propre poids pour peu que l’on possède le levier adéquate ? En peinture une masse importante peut être équilibrée par une simple tache de couleur complémentaire si elle se trouve placée à bonne distance de cette masse. Trop proche la petite tache serait écrasée et ne serait pas perçue par l’œil de l’observateur.
La composition peut s’appuyer sur des lignes de construction du tableau, je t’ai déjà fait la démonstration de cela en analysant l’enlèvement des Sabines peint par David. A tort beaucoup considèrent la rigueur de la composition par les lignes de construction et les tracés directeurs comme un carcan qui bloque la créativité: C’est tout le contraire ! La créativité se trouve affranchie des craintes de se tromper. Certes apprendre à conduire et passer son permis sont des contraintes MAIS quelle liberté (relative toutefois) de pouvoir ensuite circuler sur les routes et autoroutes de France et de Navarre en toutes directions et vers toutes destinations. Lis, apprends et comprends les règles de la composition et ton univers créatif va s’en trouver considérablement enrichi.
Je t’entends déjà penser “Jissé explique moi en quoi aligner des petites barres sur une feuille de papier va m’aider pour ma prochaine aquarelle ou mon prochain portrait” ? C’est simple, lorsque nous avons appris à marcher nous n’étions pas conscient que chaque petit pas que nous faisions en tant qu’enfant allait nous aider ensuite comme adulte à parcourir le monde en tous sens. Je ne suis pas un grand voyageur mais je suis allé en Egypte, en Colombie Britannique (Canada), en Ecosse et à Londres, en Bavière et à Nuremberg, à Venise ou voir le musée Dali à Figueras en Espagne. Aurais-je pu connaître tous ces endroits si je ne savais pas marcher ? Possible mais cela aurait été considérablement plus difficile de le faire. Nous ne sommes plus au temps des chaises à porteurs, dieu merci aussi il me serait plus compliqué de me déplacer quelque part si je ne savais pas marcher. De même ce n’est pas parce que je connais beaucoup de trucs en dessins que je les utilise tous en permanence… Exemple, je connais la perspective et je sais la construire de façon “technique” mais je ne l’emploie que très rarement pour ne pas dire jamais si je dessine une nature morte, un paysage ou un portrait. Qui peut le plus peut le moins mais l’inverse est faux car on ne maîtrise pas ce que l’on ne connait pas !
Ainsi ce petit exercice a pour but de te faire réfléchir à toutes les situations possibles en matière de composition… C’est donc u exercice pour développer ta créativité. Lorsque tu fais un tableau ou une aquarelle, fais des minis “crobards” pour tester ce que tu as en tête et choisir le meilleur éclairage, le meilleur cadrage, la meilleure mise en page, etc… Le sujet sera t’il mieux si la lumière vient de la droite ou de la gauche ? Pour le savoir, essaye les deux situations !
Voilà il y aurait encore énormément à dire sur la composition (on pourrait écrire un livre sur ce sujet) mais je ne veux pas “t’assommer” avec quantité d’informations qui pourraient s’avérer inutiles si le sujet ne s’y prête pas… A chaque jour suffit sa peine et c’est donc tout pour aujourd’hui quitte à revenir sur ce sujet de façon plus approfondie si tu le souhaites et me le fais savoir en commentaire. Si cet article t’a plu, partage-le autour de toi !
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Très intéressant l’astuce des bâtonnets : mais pourquoi 7 et non pas 5 ( par exemple).
Bonjour Chantal,
Merci pour ta question pertinente. Tout d’abord bravo d’avoir choisi le nombre impaire 5 plutôt que 6 car le mouvement (“la vie”) naît du déséquilibre.
Ensuite pourquoi 7 ? Comme je l’ai écris cet exercice remonte à ma période estudiantine à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Mon prof d’arts plastiques était l’artiste peintre Guy-Marie NOUVEL. Était-il “l’inventeur” de l’exercice ? Je ne le saurais dire mais essayons de réfléchir ensemble sur le pourquoi du choix de ce nombre ?
Premièrement avec 7 bâtonnets tu auras plus de combinaisons qu’avec 5 (mais moins qu’avec 9). Ensuite je pense que la symbolique du chiffre 7 à toujours été très forte dans l’imaginaire des Hommes (7 jours de la semaine, 7 notes de musique, tourner sept fois sa langue dans sa bouche, Blanche Neige et les sept nains, etc…).
La première figure géométrique fermée est le triangle (3 cotés) en ajoutant un coté supplémentaire nous avons le carré. Pour les architectes cela donne une forme architecturale très intéressante qui est la pyramide (Khéops) avec 4 faces triangulaires sur une base carrée. Le premier dessin d’enfant qui ne soit pas anthropomorphe (“bonhomme” = papa ou maman) est la maison avec un carré surmonté d’un triangle.
Si nous additionnons 1+2+3+4+5+6+7= 28 = un mois lunaire. Je pourrais pousser plus loin l’étude symbolique du chiffre sept qui est aussi le chiffre des Maîtres Maçons (avec 5 pour les compagnons et 3 pour les apprentis).
Bien amicalement.
Toutes cette information ma plu énormément, je suis curieuse d’apprendre. Merci.
Bonjour,
Un GRAND MERCI pour votre visite et votre commentaire bien sympathique. Je vous souhaite de passer de très bonnes fêtes de fin d’année.
Bien amicalement
Jissé
Bonjour. Quels livres sur la composition pourriez vous recommander, pour approfondir et trouver des exercices? Merci
Bonjour,
Pardon d’avoir mis autant de temps pour ne pas savoir comment répondre à votre question. J’ai regardé dans ma bibliothèque pourtant grande mais je n’ai rien trouvé sur le sujet spécifique de la composition.
En fait il y a quelques règles de base comme celle des tiers(1/3) connue depuis fort longtemps.
Celle de l’équilibre des masses ou des couleurs MAIS surtout – pour rester fidèle – à ce que j’ai appris au contact de la grande aquarelliste Maryse De May, il y a l’importance du POINT FOCAL qui répond à la question simple VERS QUEL ENDROIT PARTICULIER DE MON TABLEAU EST-CE QUE JE VEUX QUE LE SPECTATEUR POSE SON REGARD ?
Ceci est valable aussi bien en dessin aux crayons ou aux pastels (secs ou gras) mais aussi à la peinture à l’Aquarelle, la Gouache, l’Acrylique ou l’Huile !
Où voulons nous que le regard se pose ? Avant plan ? Arrière plan ? Plans intermédiaires ? Une simple tache de la couleur complémentaire peut faire l’affaire MAIS AUSSI une rupture dans la cohésion des formes tel qu’un triangle aux angles vifs dans une composition tout en formes molles et arrondies. C’est le contraste de valeurs (Noir sur Blanc), de formes ou de couleurs qui va attirer l’oeil de l’observateur vers un point particulier de votre oeuvre.
Enfin il faut RESTER SIMPLE, plus un tableau va être compliqué dans sa structure et plus sa lecture en sera compliquée. Un tableau comme la Mona Lisa de Léonard de Vinci est très simple dans sa composition: Un Personnage en avant plan qui se détache sur un paysage lointain. Juste 2 éléments qui dialoguent sur la toile: Le portrait de la Joconde et le paysage lointain dans une certaine brume (le sfumato). Et c’est tout. Rien dans les mains pour distraire le regard accroché sur l’énigmatique sourire de la belle !
Bien amicalement.
JC BRAULT