Aujourd’hui n’est pas coutume je vais vous donner dix excellentes façons de rater votre dessin. Si vous les appliquez à la lettre, c’est inratable il sera raté !
Pourquoi vouloir saboter son dessin ? Les mauvaises raisons ne manquent pas. Parce que vous en avez marre que l’on vous complimente sur la bonne qualité de vos dessins. Pour déplaire à la personne que vous aimez le moins, enfin le plus important pour avoir honte de votre travail. Bref Alors sans plus tarder voici ma liste personnelle :
- Dessiner d’après une mauvaise photo, trop petite, ou flou
Vous dessinez d’après photo ? Parfait, choisissez la plus mauvaise photo. Celle qui est mal exposée (sous exposée ou surexposée), celle qui est flou ou trop petite. Que n’ai-je vu des personnes voulant réaliser le portrait à la ressemblance d’un proche parent (enfant, père, mère) en se servant d’une photo d’identité qu’elles agrandissent au photocopieur. Résultat l’image est pixelisée, on ne distingue aucun détail. Bravo c’est le meilleur moyen de louper son portrait.
- N’avoir aucun intérêt pour le sujet, aucune appétence pour le médium, aucune empathie
Dans mes cours certains me disaient «Jean-Claude je souffre, je n’aime pas la perspective, je n’aime pas l’architecture, je n’aime pas le nu,»…
« je n’aime pas » est la formule magique qui fera que votre dessin sera moins bon que si vous éprouvez une empathie naturelle pour votre sujet. Mon conseil : Dessinez ce que vous détestez le plus et vous êtes certain de mal faire !
- Dessinez sur du mauvais papier avec un mauvais crayon ou un mauvais pinceau
L’aquarelle coûte chère. Grande est la tentation lorsque l’on débute d’acheter des couleurs et des pinceaux de mauvaise qualité parce que l’on pense ainsi faire des économies. J’ai fais cette erreur. J’ai donc réalisé une aquarelle, de ma nièce lorsqu’elle était enfant – jouant sur son tricycle – que j’ai offerte à ma sœur qui toute heureuse l’a accroché sur son mur près d’une fenêtre. Quelques années plus tard l’aquarelle a disparue, mangée par la lumière… Vous pouvez être sûr que si vous utilisez de mauvais produits vous obtiendrez de mauvais résultats.
- N’avoir aucune patience, vouloir avoir fini avant même de commencer
Qui ne connait pas un (ou une) ami(e) qui à l’atelier lorsque le sujet a été distribué depuis un quart d’heure a déjà pratiquement fini de « bâcler » son dessin. Un bon dessin demande du temps. Il faut d’abord le comprendre, l’observer dans son détail, et sa globalité. Comprendre les lignes et les formes. Se jeter d’un trait sur son dessin sans avoir pris le temps de l’analyser, pour percevoir les éventuelles difficultés vous assure de faire un mauvais dessin presque à coup sûr.
- Ne pas respecter les proportions, les valeurs, les ombres
Pas besoin d’un long discours. Ceci découle souvent du point précédent. A vouloir faire vite on fait souvent mal par manque d’observation avant tout. Tout le monde comprend aisément que si je fais n’importe quoi le résultat obtenu sera n’importe quoi…
- Dessiner d’imagination sans esquisse préalable ni documentation
Combien de personne fièrement vous déclare « je l’ai fais d’imagination » comme si c’était un véritable exploit. S’en est un si le résultat est réussi mais il y a fort à parier que si vous travaillez d’imagination sans vous être un peu documenté sur votre sujet vous risquez de dessiner n’importe comment. Si vous n’avez jamais vu une fleur d’héliotrope, comment voulez vous l’imaginer ? Impossible ! Donc oui il faut bien maîtriser son sujet pour travailler sans modèle. Donc voilà un nouveau précieux conseil pour rater votre dessin. N’étudiez pas les règles de la perspective, ni celles de l’anatomie, ignorez les proportions du corps humain et lancez vous dans le dessin d’imagination.
- Choisir un sujet très compliqué et ambitieux
Si un « beau parleur » peut faire illusion et tromper son monde parfois (les hommes politiques y arrivent très bien), un mauvais dessinateur ne pourra pas faire croire bien longtemps que c’est lui qui à peint la Joconde… Ignorer ses limites en flattant son égo voila l’échec assuré. Lorsque l’on débute en dessin, il faudra d’emblée s’attaquer à des sujets très ambitieux afin de se décourager très vite et de tout abandonner. On commencera donc avec un grand format (au moins 100 x 60 cm) et de multiples sujets complexes. En dessinant petit ne prenez pas le risque de réussir.
- Fuir les conseils et les avis de meilleur que soi
Si quelqu’un qui vous semble plus compétent ou plus avancé que vous dans la technique du dessin ou de la peinture veut vous donner de bons conseils, surtout fuyez à tire d’ailes, sinon vous risqueriez de suivre ses conseils avisés et malheureusement de faire quelques progrès. Qu’elle horreur. Heureusement grâce à votre libre arbitre vous pouvez n’en faire qu’à votre tête et ne rien écouter. Ne lisez aucun livre, ne regardez aucun DVD, ne suivez aucun cours ni aucun stage car dans le cas contraire le risque est grand de vous améliorer.
- Dessiner quand on est fatigué
Les surhommes n’existent pas, le surmenage oui. Il faut de l’énergie pour dessiner. Un travail qui demande de la concentration brûle beaucoup de calories. Lorsque je suis fatigué physiquement, émotionnellement ou intellectuellement j’évite de toucher un crayon car je sais que je vais mal dessiner. Certain penseront que mon dessin est bien (expérience faisant loi) mais en mon for intérieur je sais que j’aurais pu faire mieux et que mon dessin n’est pas bon. Alors mon conseil pour mal dessiner est simple. N’hésitez pas à dessiner lorsque vous vous sentez vraiment fatigué. Plus vos batteries sont à plat et plus la chance de louper votre dessin ou votre peinture est grande. Qu’elle chance !
- Dessiner au milieu d’un capharnaüm, dans une pièce exiguë et mal éclairée
Comment produire un travail propre et de qualité dans un capharnaüm ? C’est vraiment très difficile. Un bureau bien rangé, une planche à dessin ou un chevalet désencombrés du « foutoir » habituel optimisent les chances de succès pour un bon dessin. S’il est important d’avoir ses idées bien structurées dans sa tête, il est aussi important d’avoir son espace de travail aussi « zen » que possible. Combien « d’accident » causé par une tasse de café inopportunément renversée sur son Aquarelle ou son dessin juste parce qu’elle n’avait rien à faire là… Donc pour “louper” prenez soin d’organiser une vraie pagaille autour de vous et sur votre planche à dessin.
Comme vous le voyez c’est très simple de rater son dessin ou de saboter son aquarelle. Donc n’hésitez pas une seule seconde à appliquer – seules ou conjointement – une ou plusieurs de ces méthodes afin de vous pourrir la vie et ruiner votre travail par la même occasion. Si la « mauvaise » idée de vouloir réussir votre dessin vous traversait la tête alors faites tout le contraire !
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Merci pour ce petit rappel des choses à (ne pas) faire ! Je me suis remise au dessin il y a quelques années pour une formation en décoration d’intérieur, et j’ai redécouvert que j’adore ça… Mais mon plus gros problème est de me convaincre que le 1er dessin que lequel j’ai passé du temps n’est JAMAIS le meilleur, et qu’il est nécessaire de recommencer et améliorer…
Bonjour Sandrine,
Bienvenue à bord de mon “arche de Noé” et merci pour ton commentaire. Chaque fois que j’ai participé à des séances de modèles vivants j’ai constaté que mes meilleurs crobards étaient les derniers… A cela deux raisons la première tient au fait qu’au fur et à mesure de la séance la durée des poses s’allonge et donc le dessin est plus “chiadé” et donc aussi plus ressemblant. La deuxième raison c’est qu’il nous faut un “temps de chauffe” pour commencer à performer. Les pianistes professionnels avant un concert s’entraînent en faisant des exercices de virtuosité pour échauffer les cartilages des doigts, les comédiens dans la loge répètent leur texte avant d’entrer en scène, alors pourquoi les peintres et les dessinateurs seraient ils différents et meilleurs que nos amis artistes musiciens et comédiens ? Nous avons besoin aussi d’un échauffement avant de devenir bon dans notre art. Donc mon conseil serait le suivant. Passe moins de temps à peaufiner ton premier dessin, fais un second puis un troisième et choisi le meilleur pour soigner ton rendu. Bonne journée et bons dessins.
Je suis sûre qu’un jolie tache de café savamment renversé peut être du plus bel effet pour une aquarelle ratée ! 🙂
J’ai tendance pour ma part à suivre un peu trop le conseil N°4…. Fut un temps je voulais dessiner le plus vite possible pour être capable de faire des croquis acceptables rapidement, malheureusement c’est devenu une habitude, et j’ai beaucoup de mal à travailler lentement maintenant…. :/ (et bien entendu, mes compétences en ratage de dessins se portent à merveille)
Bonjour Laura,
On peut faire des trucs très chouette avec du café… Mais je ne garanti pas la bonne tenue dans le temps sauf à conserver ta “caférelle” à l’abri de la lumière…
J’ai dû relire rapidement mon article pour savoir ce que j’avais bien pu mentionner en N°4. Tu as une très grande excuse – ou un précieux alibi – en ce sens que le croquis de rue ou de paysage urbain nécessite une exécution souvent rapide car on ne sait pas où et comment se poser donc on fait à la “va vite”… Et puis cela évite qu’une foule de curieux viennent jeter un œil par dessus ton épaule.
Pour apprendre à dessiner plus rapidement le dessin “d’après modèles vivants” est une excellente école… Lorsque tu as une pose de 2 ou 3 minutes voire moins ils faut aller à l’essentiel pour saisir le mouvement. Au début c’est toujours la panique puis en fin de séance (les poses étant plus longues) on reprend confiance.
Parfois je retrouve d’anciens dessins et je me dis que je n’aurais vraiment plus la patience de passer des heures sur un dessin.
J’admire ce cher Fragonard qui pouvait brosser la toile d’un portrait en une journée. Grâce à sa rapidité d’exécution ses portraits rayonnent de vie et de joie contrairement à certains de ses contemporains dont les œuvres sont plus léchées mais plus figées.
La deuxième difficulté avec le carnet de voyage provient de la perspective qu’il faut (un peu) connaître pour ne pas trop déformer les croquis d’architecture pris sur le vif.
Bref le carnet de croquis de voyage constitue un vrai défi pour tout dessinateur.
BRAVO pour ton site auquel j’ai jeté un œil 😉
Bons croquis et bons voyages à toi.
Bien amicalement
Jissé
Merci pour ta réponse, et merci d’avoir jeté un œil à mon site ! 🙂
Après avoir lu ton article, j’ai fait attention à être plus patiente (notamment à l’aquarelle), et j’ai retrouvé le plaisir de prendre mon temps sur un dessin, de ne pas le bâcler … Vraiment top ! Merci ! 🙂
(J’ai essayé de télécharger ton bonus sur la perspective, ça a raté…; je vais réessayer….)
Bien à toi,
Laura
Bonjour Laura,
Heureux de te retrouver ici et bravo pour le plaisir retrouvé en prenant le temps de peindre et dessiner. La difficulté avec l’aquarelle (du moins en technique humide) c’est que le papier sèche rapidement et donc le temps est compté pour faire son aquarelle… En technique sèche le temps n’a pas la même importance et l’on peut se permettre quelques pauses.
Je t’envoie les Bases de la Perspective à ton adresse email.
Bises amicales.
Jissé