Hello mon ami(e) je suis heureux de te revoir de retour sur mon blog. Aujourd’hui je veux aborder un sujet important bien qu’en apparence fort anodin… Je pense que l’on ne met jamais assez l’accent sur ce point qui est celui de la simplification des dessins. Tout au contraire je constate régulièrement sur les réseaux sociaux une tendance, chez certains, à vouloir rester au plus près de la réalité voire même à être plus photographique que la photographie…

Nous allons voir pourquoi il faut simplifier un dessin, ainsi que comment simplifier un dessin et le bénéfice que l’on en tire. Garde à l’esprit que plus ton dessin est compliqué à dessiner et plus il sera compliqué à appréhender pour l’observateur: Il faut donc SIMPLIFIER ! Un dessin acquiert d’autant plus de FORCE qu’il est simple dans sa composition.

Pour te faire comprendre la puissance d’un dessin simple par rapport à un dessin compliqué pense aux affiches publicitaires. Les “fils de pub” (expression empruntée à Jacques Séguéla) savent très bien susciter des émotions dans les messages publicitaires qu’ils fabriquent pour te donner l’envie d’acheter leurs produits.

Pense aussi aux pictogrammes des panneaux du code de la route. Un signal routier doit être vu et compris en une fraction de seconde. Un STOP, une INTERDICTION (de circuler, de stationner) sont des impératifs de sécurité qu’il faut reconnaître et appliquer en une fraction de seconde : Ta vie en dépend !

Un dessin ne répond pas aux mêmes impératifs… Il n’y a pas mort d’homme (du moins c’est à espérer) pour toi qui dessine ou pour celui qui regardera ton dessin. Une œuvre comme GUERNICA de PICASSO est très compliquée à analyser et donc difficile à comprendre ou à mémoriser. A l’inverse Giorgio de CHIRICO ou le Belge René Magritte ont – l’un et l’autre – une peinture symbolique extrêmement dépouillée donc facile à lire et à retenir.

Que tu aimes (ou pas) “ceci n’est pas une pipe” de Magritte n’a que peu d’importance mais si tu l’as vu une seule fois tu ne peux pas l’oublier. Ferme les yeux et d’écrit ce que tu vois. C’est facile ! Maintenant reviens au tableau de Pablo PICASSO et décris moi GUERNICA… Aïe c’est très difficile de mémoire… Peut-être te rappelleras-tu du cheval ? Du soleil, d’une tête, d’une main, d’une épée brisée au sol… oui et après ? Moi j’ai oublié le taureau – pourtant très ancré dans la culture de l’Espagne – ainsi qu’un imbroglio de mains et de pieds démembrés… Pas évident comme exercice mémoriel !

Maintenant voyons comment simplifier un dessin réalisé à partir d’une image. J’ai pris cette photographie, il y a quelques années, lors d’un périple en Alsace. J’adore cette province, son architecture avec ses toits pentus (à cause de la neige) et les colombages de ses jolies maisons fleuries. Et puis l’Alsace me rappelle mon enfance et les visites de la France en caravane.

Dans cette scène pittoresque, le point d’intérêt réside dans les deux personnages et l’âne. Le reste autour (ce que nous appelions la “choucroute” quand j’étais étudiant en archi) n’est là qu’à titre “d’accompagnement”, pour situer dans l’espace “les trois héros” de notre histoire singulière. De prime abord ce qui attire notre attention et nous intrigue c’est que cette scène “champêtre” – avec notre ami à quatre pattes – se situe en ville et non au bord d’un champs à la campagne.

Tu conviendras avec moi que le présentoir à roulettes sur lequel figurent les menus n’ajoute rien d’utile à la composition. Bien au contraire il détourne notre attention des personnages, donc nous allons le supprimer. De la même façon, les auvents verts et les personnes attablées en arrière plan alourdissent le dessin. Je les fais disparaître du champ visuel.

Voici un petit croquis qui comporte une erreur (*), sauras-tu la retrouver ? Je te donne la réponse en fin d’article. Une esquisse rapide à pour but de tester diverses hypothèses afin de déterminer ce qui te donne le plus de satisfaction. Par exemple tu peux décider de faire ton dessin avec ou sans les ombres. Astuce: Dessine sans ombrer, fais une photo puis ensuite dessine les ombres en refaisant une deuxième photographie.

Au moment de passer à la réalisation de ton desssin final ou de ton aquarelle, compare les deux photos pour choisir laquelle des deux versions tu préfères ? Disons que si tu veux aquareller ton dessin, il vaut mieux te contenter de dessiner le contour des ombres puisque celles-ci seront peintes avec de la couleur (un gris coloré chaud ou froid selon la tonalité ambiante générale).

Fais preuve de créativité. Une fenêtre te gène sur le pan coupé ? Supprime là, à l’inverse, tu trouves qu’un mur manque de vie ? Créé une ouverture, ou fais courir de la vigne sur ton mur. Après-tout nous sommes en Alsace le pays du Riesling ou du Gewurtzstraminner ! Et sur le côté gauche là où j’ai supprimé des convives, j’ai fermé l’espace par des constructions ce qui me donne un effet de perspective avec de la profondeur en créant un plan vertical éloigné.

Maintenant observe bien ce qui suit. Compte tenu de la direction des ombres le soleil se situe sur la partie gauche de la scène. Le soleil éclaire le dos et l’arrière de la tête du personnage de gauche qui nous fait face (le restaurateur) en éclairant le visage et la face avant du personnage qui nous tourne le dos (le muletier). Inversement le personnage de gauche aura le visage et l’avant du corps dans l’ombre tandis que celui qui nous tourne le dos aura le dos dans l’ombre. Au moment de peindre les deux personnages il faudra être attentif pour ne pas se tromper et faire l’inverse !

Enfin une dernière petite astuce sympa. Regarde comment j’ai fais le cadre autour de mon dessin… Il n’est pas “fermé” mais s’ouvre sur la fenêtre, ce qui créé encore un effet de profondeur (ou de 3D) et dynamise la composition avecun “aspect BD”.

Voilà c’est tout pour aujourd’hui, je te laisse vaquer à tes occupations, reprendre la lecture de ton bouquin, retourner bronzer sur la plage ou piquer une tête dans l’eau. Et si c’est le retour au travail, alors je te souhaite bon courage. Enfin si cet article te plait surtout n’hésite pas à le partager avec tes ami(e)s sur les réseaux sociaux. Bien amicalement à toi.

(*) As-tu repéré mon erreur ? Non ? C’est au niveau du pan coupé… Si le pan est coupé c’est-à-dire en biais par rapport aux deux murs adjacents cela doit se voir en partie haute (c’est le cas) MAIS AUSSI en partie basse (oubli sur mon croquis)… Comme il s’agit d’une esquisse rapide de mise en place de la composition de mon dessin ce n’est pas grave mais il ne faudra pas que j’oublie de rectifier lorsque je passerais à la réalisation définitive de mon aquarelle.

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6 thoughts on “Simplifier un dessin

  1. Bonjour, Jissebro !

    Merci pour tes cours et le partage de tes expériences qui sont édifiantes (au sens étymologique) et si agréables. C’est vrai, c’est un long apprentissage que de simplifier ses dessins comme de se simplifier soi même et indispensable.
    Je suis d’accord avec l’exemple que tu nous proposes sauf que -pardon de te parler si simplement- je trouve qu’il y a un déséquilibre parce qu’un grand vide, à gauche. Aussi, pour ma part, j’aurais utilisé le présentoir fleuri, simplifié, façon jardinière, déplacé tout-à-fait à gauche, en premier plan,ce qui aurait pu contribuer à mettre en valeur mon sujet : groupe personnages-cheval. Qu’en penses-tu ?

    1. Bonjour et merci de tes encouragements.

      L’idée d’utiliser le présentoir “pour boucher le vide” est intéressante MAIS je pense que cela viendrait alourdir inutilement ta composition. La perspective de l’auberge, et la position de l’âne et des personnages conduit notre regard sur la gauche. Si tu fermes cet espace l’œil n’a plus “d’échappatoire”…

      Une composition doit permettre à l’œil de l’observateur de se promener librement dans la scène. Lorsque l’œil a fini de se promener il vient naturellement se reposer de nouveau sur les personnages et sur l’âne.

      Enfin créer une perspective c’est jouer avec les plans rapprochés, les plans intermédiaires ET les plans lointains. C’est parce qu’il y a plusieurs plans successifs (rapprochés et lointains) que l’image accroche le regard. Si tu supprimes les plans lointains pour ne laisser paraître que des plans rapprochés et intermédiaires tu “écrases” ton image et tu perds l’effet “3 D” pour avoir une “image plate”.

      Le dessin doit nous donner l’illusion de la vie donc l’illusion de l’espace par la perspective. Bien évidemment comme toujours en peinture et en dessin aucune théorie n’a valeur de “loi universelle” : Tout est permis et possible. Seul compte le résultat et ce que veut dire l’artiste dans son dessin.

      Bien amicales salutations et merci pour cet échange de points de vue 😉
      Jissé

      1. Dans ce cas autant se laisser voyager et optimiser l’environnement totalement prendre une autre perspective perso je me serais installé au ras du sol pour une belle contre plongé sur le sujet ainsi que les bâtisses histoire d’avoir le ciel en arrière plan au dessus des toits faire parler leur silhouette qui se décroche dans le même temps une volée d’oiseau est simple et efficace pour indiquer un paysage aux limites spatiales plus éloignés tout en sachant que c’est une forme de vie qui vol et qui permet donc de transposer la vue sur celle de l’oiseau en temps que repère spatial immobile indiquant aussi l’arrêt sur image etc on peut trouver bien des raisons mais la simplification ne doit pas se solder par la perte de richesse bien au contraire elle doit pouvoir les décupler et les faire resonner après un travail et basé surtout sur le temps alloué à sa réflexion ici on nous donne certes peu d’explication mais le travail et fait rapidement et proprement ce sont de bonnes bases qu’il faut avoir

        1. Bonjour Matheo,

          Merci de votre commentaire très intéressant mais qui ne répond pas vraiment au sujet… Bien évidemment il est toujours possible de modifier son angle de vision, encore que j’imagine difficilement quelqu’un le nez sur la chaussée pour dessiner la silhouette des bâtiments environnants. Ici les sujets qui m’intéressent sont l’âne et les deux personnages qui palabrent entre eux.

          De mes neuf années passées aux cotés de la grande aquarelliste Maryse De May, j’en ai tiré de nombreuses leçons, et surtout que l’essentiel en peinture ou en dessin est LE POINT FOCAL. Où l’artiste veut il que le regard de l’observateur se pose ? Sur les toitures, les oiseaux ou sur la scène de rue atypique ?

          En second lieu, même en variant l’angle de vue et la position du dessinateur, il reste qu’il doit apprendre à aller à l’essentiel. A se vouloir trop précis (et donc trop bavard) on ne dit plus rien.

          Lorsque l’on dessine un portrait, on peut – soit comme les hyperréalistes – vouloir dessiner chaque cheveux de la chevelure ainsi que le fait l’objectif d’un appareil photo ou, on peut choisir de traiter la chevelure comme une masse, comme un volume et placer l’accent sur une ou deux mèches de cheveux. Dans les deux cas, on comprend parfaitement qu’il s’agit de cheveux mais l’émotion que l’artiste partage avec les spectateurs n’est évidemment pas la même.

          En ce qui me concerne, l’hyperréalisme est un prodige technique totalement dépourvu d’émotion car cette technique (oh combien exigeante et difficile) n’apporte “rien de plus” par rapport à la photo.

          Dire l’essentiel en peinture, c’est ce que nous on appris les impressionnistes qui s’opposaient – dans leur mode d’expression – au classicisme d’un David par exemple. J’aime David ou Ingres justement pour la justesse et la précision de leur trait mais je préfère la touche légère et vive d’un Fragonard. Cette préférence personnelle n’établit pas un classement qualitatif parmi les Maîtres du Passé, c’est juste un ressenti personnel et rien d’autres.

          Pour en revenir à mon sujet, il est important de savoir hiérarchiser les éléments de son dessin ou de son tableau, précisément pour éviter la confusion et que l’oeil se disperse inutilement à vouloir tout découvrir. Les anciens disaient “qui trop embrasse, mal étreint” ce qui veut dire faire moins de chose mais les faire mieux.

          Enfin le propre d’un croquis rapide est précisément de saisir rapidement une scène, une situation. A trop vouloir détailler, on perd l’essentiel de ce que l’on veut dire. C’est du moins le message que j’enseigne et veut faire partager au plus grand nombre de mes lecteurs.

          Belle et bonne journée Mathéo et merci d’avoir partager ici votre réflexion.

          Amicalement.
          Jissé

  2. Bonsoir Jissé,
    Bien quel le niveau soit très élevé pour moi, je vais tenter d’apprendre quelque chose auprès de vous.
    J’ai parcouru votre site depuis hier soir et je suis enthousiasmée de suivre vos cours.
    Devant commencer par la perspective, je tente depuis hier de télécharger votre guide sans succès, un message d’erreur apparaît.
    Pouvez-vous m’aider.
    Merci pour votre site hors du commun et sur lequel j’ai flashé. Bonne soirée.

    1. Bonsoir mon Amie,

      UN TRES GRAND MERCI pour votre enthousiasme et vos mots qui me touchent. Je suis heureux si mon blog vous donne l’envie de dessiner, c’est le but recherché.

      Je pense que votre problème est aujourd’hui réglé.

      Avec mes amicales salutations.

      Jissé

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