Bonjour aujourd’hui je veux te parler de quelque chose qui est rarement abordé par les collègues dessinateurs à savoir comment dessiner avec le grain du papier. Il existe en effet plusieurs sortes de papiers mais d’abord un peu d’histoire.
HISTOIRE DU PAPIER : On attribue aux Chinois l’invention du papier et de l’encre (qui serait apparue en premier avant le papier). Un certain Cai Luan aurait amélioré le procédé de fabrication du papier fait à partir de fibres végétales et de bois en y incorporant des fibres tissées pour en renforcer la solidité avec un support papier plus fin mais plus résistant. Au VIIIème siècle pendant leurs conquêtes les arabes s’emparent de Samarkand et font prisonniers des papetiers Chinois. La fabrication du papier longtemps tenue « secrète » tombent entre leurs mains. Dès lors la fabrication du papier va servir à propager l’Islam à grande échelle. Les moulins à papier se répandent d’abord en Afrique du Nord puis au fur et à mesure en Europe en commençant par la Sicile, puis l’Italie (Fabriano). C’est avec l’invention au XVème siècle de l’imprimerie par l’Allemand Gutemberg que se développe la fabrication mécanique du papier. Le livre nait qui supplante rapidement les manuscrits et les incunables des moines copistes. Les Hollandais mettent au point une machine à effilocher le tissu qui entre dans la composition du papier. Le XVIII ème siècle – dit siècle des lumières – voit se répandre les idées nouvelles avec les encyclopédistes Diderot et d’Alembert ou Voltaire appelé comme conseiller auprès de la Tsarine Catherine II de Russie avec laquelle il entretenait une relation épistolaire. Au XIXème siècle la pénurie de chiffon fait que les fabricants se tournent vers la fibre de bois (encore utilisée aujourd’hui). Puis c’est le tour de la chimie de proposer un substitut aux chiffons avec la cellulose tirée du bois.
LES DIFFÉRENTS PAPIERS : Il existe autant de papier que d’usages différents. Livres, posters, papiers aquarelle ou papier dessin, papier calque, papiers monnaie, papier toilette, mouchoirs en papier, nappe en papier, vêtements en papier… « Papiers de riz ou d’Arménie, laissez brûler les petits papiers, puissent ils un soir papier buvard, vous réchauffer, machin, machine papier machine, ça impressionne papier carbone mais c’est du vent papier monnaie» chante Régine et Gainsbourg fait flamber un billet de 500 Francs.
Le papier est constitué de fibres absorbantes dans lesquelles pénètrent les couleurs de l’aquarelle ou l’Encre de Chine. Les grammages peuvent varier de quelques dizaines de grammes, comme le calque d’études (35 gr.) jusqu’aux feuilles de papier aquarelle de 600 gr. Avec l’épaisseur varie la texture qui fait que le papier peut être lisse comme le Bristol ou le Yupo qui est un papier synthétique non poreux à base de polypropylène. Les divers papiers d’Art peuvent présenter des « grains » plus ou moins importants avec lesquels il ne faut pas avoir peur de jouer.
Comment tenir le crayon ? Pour faire apparaître le grain du papier il convient de « caresser » le papier avec le plat de la mine de crayon que l’on fait glisser en contact avec la feuille. Plus la surface de contact entre la mine de crayon et le papier est importante et plus il sera facile de révéler la texture du papier.
La dureté du crayon : Plus un crayon est gras (riche en graphite) et meilleur sera le résultat espéré. Tu préféreras donc plutôt utiliser un crayon 4B à un crayon 2B suivant le dessin que tu souhaites faire.
ATTENTION tous les papiers ne vont pas convenir pour tous les dessins.
Si l’on réalise un jeune portrait d’enfant alors il faut un papier avec peu de grains, voire pas du tout. Inversement une peau âgée, ridée, tachetée s’accommodera fort bien d’un papier chiffon à gros grains. De même pour la végétation, le feuillage des arbres et des arbustes se fera « tout seul » avec un papier à gros grains. Il faut donc adapter le grain du papier au dessin que l’on veut faire. Un ciel nuageux bien que « tourmenté et chargé » doit plutôt être réalisé sur un papier avec peu de grains car le ciel est léger et aérien alors que les grains du papier sont lourds et pesant et conviennent mieux à un paysage « glaiseux » un peu comme les bœufs labourant le champ dans le tableau de Rosa Bonheur.
Quel point commun y a t’il entre un poisson rouge et un vieux mur, entre le portrait d’un vieil SDF et une carcasse de voiture rouillée ? La réponse: LE GRAIN DU PAPIER ! Pour dessiner les écailles d’un poisson, les pierres d’un vieux mur, la peau abîmée par le gel, le soleil, les privations, les blessures de la vie d’un sans abri ou la rouille sur la voiture abandonnée dans un champ d’herbes folles il faut que tu tires partie des “accidents” du papier. Bien évidemment le grain n’est pas un accident MAIS la mine du crayon va se trouver “mal menée” par les creux et les bosses du papier. C’est une exagération car bien évidemment tu restes le maître du jeu et c’est toi et non le papier qui guide ton crayon. Toutefois il est “fun” de jouer en laissant le crayon libre de sa course; pour cela tu dois relâcher la pression que tu exerces sur lui en le tenant simplement entre deux doigts et en faisant glisser avec légèreté la mine au contact de la surface du papier. Le dessin est une activité sérieuse qui ne doit pas nous empêcher de nous amuser en le pratiquant, souviens-t’en 😉
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