Bonjour à toi, heureux de te retrouver ici pour parler de dessin et de peinture. Il y a très longtemps que je voulais écrire un article sur le “dessin et handicap“. Pourquoi un tel sujet ? En rangeant une partie de ma bibliothèque je suis tombé sur un petit livre présentant quelques peintures de Denise Legrix. Laisse moi te dire quelques mots de cette artiste “hors du commun”… Elle est née en 1910 dans un petit village du Calvados et c’est dans cette même région de Normandie qu’elle s’éteindra cent ans plus tard en 2010. Centenaire voilà déjà quelque chose de peu courant. Cette artiste et écrivain a reçu des distinctions prestigieuses comme l’Ordre Nationale du Mérite, le Mérite Civique et la Légion d’Honneur ce qui déjà en fait quelqu’un de particulièrement exceptionnel mais c’est surtout à sa force de caractère et son courage qu’elle doit cette reconnaissance Nationale puisque Denise est née sans bras ni jambes !

Oui tu m’as bien lu, Denise était atteinte de dysmélie (malformation congénitale caractérisée par une atrophie des membres). Elle fut l’une des premières artistes de l’association française connue sous l’acronyme d’APBP pour Artistes Peignant de la Bouche et du Pied. Denise écrira “Le bonheur n’est pas de recevoir, mais de donner, ne consiste pas dans le gain, le faste, la volupté, mais dans le déroulement de petites joies acquises dans la paix du cœur“. Belle leçon de vie pour nous ne pense-tu pas ? Et dire que beaucoup d’entre nous – les bien portant – n’avons de cesse de nous plaindre pour un oui et pour un non, pour un petit bouton sur le nez ou pour un cor au pied. Et voilà ce “petit bout de femme qui te fout un coup de pied au cul en te disant tais-toi et marche !“. Tout d’un coup j’ai honte de mes faiblesses et de mes lâchetés, de mes peurs qui m’empêchent d’avancer alors que de tels êtres, blessés dans leur chair, nous donnent une fantastique leçon de courage et souvent d’abnégation.

Je connais depuis très longtemps cette association des Artistes Peignant de la Bouche et du Pied, qui à son siège sociale dans la région de Strasbourg. Gérée par les artistes eux-mêmes ses objectifs sont d’aider les artistes handicapés à vivre de leur art en commercialisant leurs œuvres sous forme de cartes, calendrier, articles cadeaux en établissant des partenariats avec des sociétés d’édition dans le Monde entier (plus de 50 pays) et d’offrir des bourses pour les talents prometteurs qui ne vendent pas encore leur travail en leur versant un revenu mensuel pour les “sortir de l’assistanat”.

Puisque nous approchons de la période de Noël – au fait tout au long de l’année il y a des fêtes et des occasions d’offrir à ceux que nous aimons – il y a une boutique dans laquelle tu peux trouver une multitude de cadeaux pour tous les budgets avec des objets pour la maison et la cuisine, des livres et des jeux (cubes, puzzles), de la maroquinerie (sacs, portefeuilles ou étui à lunettes), du linge et des serviettes de bain, un plaid à manches ou un réchauffe pieds pour les frileux, et enfin des cartes pour les fêtes, les anniversaires ou les vœux de fin d’année. Et à partir de 30 euros les frais d’expéditions sont offerts… Alors merci qui ? Merci les artistes peignant de la bouche et du pied !

Laisse moi encore te parler d’un jeune étudiant – du moins à cette époque nous étions jeunes lui et moi – c’était à l’ESTB au 55 rue du Cherche Midi à Paris où je faisais mes études de “collaborateur d’architecte”. Pendant le cours de dessin se joignait à nous un jeune étudiant handicapé, il avait eu la poliomyélite qui lui avait laissé un bras paralysé… Et devine quoi ? Il dessinait mieux et plus vite que la plupart d’entre nous, les “valides” ! Je l’avais observé pour comprendre. Il bloquait son équerre avec “son bras mort” et dessinait de l’autre main en faisant glisser l’ensemble sur sa feuille de dessin par un mouvement latéral du buste. Bref il avait, comme souvent en pareil cas, fait une force de sa différence. Respect !

Que ferais-je – et toi que ferais-tu – si par accident ou par maladie nous n’avions plus l’usage de nos bras ? Question bien difficile s’il en est. Sans doute passerais-je par des phases successives de révolte (Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ?…) puis de résignation (à quoi bon…) pour finalement rebondir et me battre pour ne pas dépendre de la “pitié” ou de l’empathie d’autrui (après tout si d’autres ont réussi alors pourquoi pas moi !). Maintenant un peu de “prospective” sur l’évolution possible de la résolution des handicaps. Une information de l’Agence Santé Publique France recense la naissance de quatorze bébés nés sans bras entre les années 2000 et 2014 dans l’Ain ce qui prouve que cette maladie bien que rare n’est pas éradiquée. A l’heure d’aujourd’hui une enquête des services de santé est diligentée pour en inventorier les causes que l’on suppose environnementales (mise en contact des mamans avec des pesticides par exemple…).

Face à ce constat alarmant, la technologie fait des progrès constant. Des enfants ont été appareillés avec des bras et mains articulés fabriqués avec une imprimante 3D… En outre des expériences ont été conduites avec succès pour piloter des robots par la pensée. On peut alors croire possible que d’ici quinze à vingt ans (et même plus tôt) les enfants nés sans bras et sans jambes comme Denise Legrix retrouveront l’usage de leurs membres (artificiels) pilotés par la pensée. Peindre avec la bouche ou les pieds ne sera plus une nécessité mais une histoire du passé. L’homme bionique doté d’un exosquelette n’est plus de la science fiction mais une réalité en laboratoire aujourd’hui et une réalité du quotidien pour demain.

Si tu es persuadé de réussir ce que tu entreprends – alors quels que soient les obstacles qui se dresseront sur ta route – tu réussiras ! Inversement, si tu baisses les bras, dès les premières difficultés rencontrées alors tu t’inflige toi même une “punition”, voire même, tu te rends coupable et complice du “sort contraire” qui s’acharne contre toi… POSITIVE TA VIE ! De toute façon comprends bien que tu n’as pas d’autre choix. Si tu cèdes au pessimisme face à l’adversité, ton sort ne va pas s’en trouver amélioré… Mais si tu tires la leçon – il y a toujours une leçon à tirer de toute épreuve – alors il te sera plus facile d’entrevoir une solution à ton problème. C’est facile à dire lorsque nous ne sommes pas pris dans un terrible engrenage de difficultés, mais il faut avoir confiance et croire en soi: AIDE TOI ET LE CIEL T’AIDERA. C’est l’explication de cet adage populaire.

Un dernier point qui n’est pas directement lié au handicap mais une “extrapolation”. Mon professeur d’Art Plastiques pendant mes études aux Beaux-Arts – l’artiste Peintre Guy-Marie NOUVEL – peint de la main gauche. A l’époque, il m’avait expliqué qu’il avait apprit à peindre de la main gauche pour retrouver une spontanéité qu’il avait perdu avec sa main droite devenue trop habile… Surprenant mais c’est à rapprocher de l’ouvrage de Betty Edwards “dessinez grâce au cerveau droit“. Notre cerveau fonctionne par connexions croisées c’est à dire que notre main droite est pilotée par l’hémisphère cérébrale gauche et inversement. Le “cerveau gauche” est donc dominant chez les droitiers tandis que chez les gauchers c’est le contraire. Nous savons que le “cerveau gauche” est plutôt cartésien, mathématique, tout en pilotant la parole et le raisonnement analytique tandis que le “cerveau droit” lui est intuitif et artistique. Apprendre à dessiner et peindre de la main gauche va donc stimuler l’hémisphère droit en renforçant la créativité artistique. Léonard de Vinci, Albrecht Dürer, Michel-Ange, Hans Holbein ou Jérôme Bosch étaient gauchers et de nos jours Jeff Koons ou Lucian Freud. Alors pourquoi ne pas apprendre à dessiner de la main gauche si tu es droitier parce que si cela ne fait pas de mal cela ne peut faire que du bien… Envie d’essayer ? Je vais tester… Si cela t’intéresse je te mets un lien vers l’ouvrage de Betty Edwards pour apprendre à travailler avec ton cerveau droit créatif. Bonne lecture et à très vite.

Visits: 1752

2 thoughts on “Dessin et handicap

  1. Juste un témoignage, suite à un accident de la circulation (non responsable) en 2014 . Après 14 mois au CHU , ma vie a basculée pour finir en fauteuil électrique. Il a fallu surmonter cette épreuve sur le point morale et sur la douleur physique. Et c’est l’art qui m’a sauvé., j’avais enfoui au fond de moi toute cette part de créativité , je dirai par accident donc merci la vie, il y a toujours une petite fenêtre qui s’ouvre. UN HOMME QUI SE RELÈVE EST PLUS FORT QU’UN HOMME QUI N’EST JAMAIS TOMBÉ. MICHEL

    1. Bonjour Michel,

      UN très GRAND MERCI pour ce superbe témoignage.

      OUI L’amour de l’Art – que ce soit la peinture, la sculpture, le dessin ou la musique – sont de formidables exutoires pour nous aider à nous guérir de nos blessures morales et même physiques. La guérison est un processus élaboré dans lequel le moral joue un rôle très important.

      Si tu as un bon moral tu vas récupérer beaucoup plus vite que si ton moral est au plus bas. C’est là qu’intervient l’amour de l’Art pour aider à se forger un moral au beau fixe. C’est aussi un dérivatif pour détourner notre esprit des tracas quotidiens, bref l’apprentissage des disciplines artistiques devraient être pris en charge par les assurance et la sécurité sociale comme “agents” guérisseurs.

      Après tout il a été prouvé qu’un “placebo” pouvait avoir autant d’effet qu’un médicament dans certains cas. Quels merveilleux placébos – que nous pourrions écrire “placés beaux” – que la peinture et le dessin !

      Bien Amicalement.
      Jissé

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

error: Alert: Ce contenu est protégé !!